Pendant la crise du Covid-19, de nombreux Français se sont rués sur l'eau en bouteille, par peur d’être contaminé en consommant l’eau du robinet. Pourtant, l'Agence Régionale de la Santé se voulait rassurante en indiquant qu’"il n'y a aucun risque de présence du Covid dans l'eau du robinet".
À présent, une nouvelle étude met à mal l’eau du robinet. L’association Générations Futures, qui milite contre les pesticides dans l’agriculture, a publié le 17 juin une nouvelle enquête sur la qualité de l’eau de robinet. Pour réaliser cette étude, Générations Futures s’est basée sur des données de 2019 fournies par le ministère des Solidarités et de la Santé sur le site data.gouv.fr.
Et les résultats sont très préoccupants. D’après ces analyses, des résidus de pesticides et de perturbateurs endocriniens ont été repérés dans l’eau du robinet en France.
L’association révèle que 8 835 analyses ont révélé la présence d’au moins un résidu de pesticide au-delà des limites de quantifications, sur environ 273 500 prélèvements au total.
Dans ces 8 835 analyses, 185 substances pesticides différentes ont été quantifiées au moins une fois. Générations Futures précise que certaines substances n’ont été quantifiées qu’une seule fois en 2019 (comme l’amidosulfuron) mais d’autres l’ont été nettement plus fréquemment, le record revenant au métolachlore (et ses métabolites) avec 4258 analyses quantifiées. Au total, cette analyse a montré 15 990 quantifications individuelles de pesticides, dont 38,5 % sont des CMR (des molécules au caractère cancérogène, mutagène ou reprotoxique), et 56,8 % des perturbateurs endocriniens suspectés. Le pourcentage grimpe à 78,5 % en comptabilisant les résidus de pesticides étant CMR et/ou perturbateurs endocriniens.
Générations Futures révèle aussi de grandes disparités selon les départements. Ainsi, dans l’Aisne il a été analysé en moyenne une dizaine de pesticides par prélèvement les ciblant. Dans les Bouches-du-Rhône, ce sont plus de 550 pesticides différents qui ont été recherchés dans chaque prélèvement ciblant les pesticides.
Des chiffres jugés très préoccupants par l’association qui ne souhaite pas que les Français se tournent pour autant vers l’eau en bouteille. Générations Futures demande au gouvernement de supprimer rapidement les molécules les plus nocives et de réduire l’usage des pesticides.
« Étant donné le potentiel d’action à faible dose sur le long terme des perturbateurs endocriniens, Générations Futures considère ces données comme inquiétantes car elles attestent d’une exposition continue à des faibles doses de ces PE par l’eau de consommation. Nous interpellons donc le gouvernement afin qu’une politique efficace de suppression rapides des plus nocifs et de réduction de l’usage des pesticides soit enfin appliquée après les échecs des premiers plans Ecophyto » rapporte François Veillerette, directeur de Générations Futures dans ce communiqué publié le 17 juin.
« Elle est d’autant plus indispensable que la Commission européenne vient à son tour d’appeler à une réduction de 50% de l’usage et des risques liés aux pesticides. Le temps n’est donc plus aux tergiversations mais à une action résolue pour sortir les agricultures françaises et européennes de leur dépendance aux pesticides de synthèse. Cette exigence de changement est portée par des centaines de milliers de citoyen.ne.s européen.ne.s dans une initiative citoyenne européenne actuellement encours qui demande que l’agriculture européenne sorte des pesticides en 15 ans » conclut-il.
Site officiel
www.generations-futures.fr