La ligne 13 confirme son statut de "ligne de l'enfer". Pour les utilisateurs du métro parisien, cela ne fait aucun doute : la ligne 13 est la plus anxiogène et la plus saturée du réseau. Aujourd'hui, c'est ce que montre une étude menée par l'Institut Paris région, publiée dans son intégralité le 18 septembre 2020, qui s'intéresse au sentiment d'insécurité dans les transports en commun franciliens.
Réalisée pendant les mois de septembre et octobre 2019, l'étude recense les réponses d'un peu plus de 50 000 clients de la RATP sur les 500 000 questionnaires envoyés par l'institut aux abonnés Navigo et Imagine R. Chaque personne était interrogée sur les lignes et les stations de métro où elle a eu peur pour la dernière fois. Comme on pouvait s'y attendre, la ligne la plus citée par les sondés est la ligne 13, avec 13,6% d'usagers qui s'y sentent en insécurité. Et la "ligne de l'enfer" arrive largement devant ses autres concurrentes.
Justement, les autres lignes générant le plus d'appréhension chez les utilisateurs du réseau de transport francilien sont la ligne 4 et 7, avec 11% de mentions chez les personnes interrogées. Ensuite, ce sont les lignes 9 (9,2%), 8 et 12 (8,7%) et enfin les lignes 2 (8,3%), 5 (7,7%) et 1 (7,6%) qui sont les plus anxiogènes. Côté RER, la ligne A caracole en tête, puisque 33% des usagers ayant déjà eu peur en prenant le RER la citent.
Pour les stations les plus à risques, la gare du Nord arrive en pole position, juste devant la station de RER Châtelet-Les Halles et la gare Saint-Lazare. Trois des gros "hub de transports parisiens" avec le plus d'affluence quotidienne, qui complètent logiquement le podium.
Cependant, si la peur générée s'explique dans bien des cas par la fréquentation importante d'un lieu, "ces deux hiérarchies ne se recoupent jamais entièrement" précise la conclusion de l'étude. Par exemple, la ligne 1 du métro parisien, qui reste la plus fréquentée, ne pointe qu'à la neuvième place des lignes anxiogènes.
Pour expliquer ces résultats, Sylvie Scherer, responsable des questions de sécurité à l'Institut Paris Région interrogée par Le Monde constate un dénominateur commun. "Notre étude le montre, sur toutes les lignes, ce qui déclenche le sentiment d'insécurité, c'est l'autre. Soit parce qu'il a un comportement hors norme, soit parce qu'au contraire, il n'y a personne. Les lieux déserts aussi sont anxiogènes". D'ailleurs, elle note que ce sont avant tout "les secteurs avec beaucoup de personnes en situation d'exclusion" qui se "révèlent plus anxiogènes".
Toutefois, il est important de rappeler que le sentiment d'insécurité baisse nettement depuis 2001. L'enquête réalisée tous les deux ans recensait lors de ses premiers résultats 43,8% des usagers ayant expérimenté la peur en sous-sol. Après un seuil historiquement bas en 2017 (38,1%), le "taux de peur" remonte à 40,9% en 2019. Mais à la fin, c'est toujours la ligne 13 qui gagne.
Site officiel
www.institutparisregion.fr