Face à la menace du Covid-19, le report des élections régionales et départementales était inévitable. Mardi 16 février 2021 au soir, le Parlement a donc voté en faveur de ce report. Les élections régionales doivent donc se dérouler les 13 et 20 juin prochain, soit trois mois après la date initiale prévue. Mais, face à la "3ème vague" que nous sommes en train d'affronter, il est à craindre que la situation sanitaire ne permettent pas, au moment venu, la tenu de ces élections. La décision d'un nouveau report pourrait dont être prise début avril 2021, à l'issu d'une réunion au cours de laquelle les différents chefs des partis devront statuer et prendre la décision "la plus consensuelle possible", comme l'indique Le Figaro.
Interrogé par le JDD, le porte Parole du gouvernement, Gabriel Attal, a cependant indiqué qu'à ce stade un nouveau report des élections régionales et départementales n'était pas acté par le gouvernement. « Ça n'a pas changé : le conseil scientifique nous dira avant le 1er avril dans quelles conditions un scrutin peut se tenir ou non. Ensuite, toutes les formations politiques auront à se prononcer. J'espère que ces élections auront lieu, mais nous suivrons les recommandations du conseil scientifique. Aujourd'hui, il n'est pas prévu de les reporter. »
Le lundi 29 mars 2021, le conseil scientifique a remit un rapport indiquant qu’il laisse au gouvernement le soin de décider ou non d’un nouveau report des elections régionales et précisant « Les autorités publiques prendront les décisions qui leur incombent, lesquelles sont éminemment politiques s’agissant de l’organisation de scrutins électoraux ».
Par ailleurs, le conseil scientifique recommande la plus grande prudence et propose divers aménagement tels que le fait que le scrutin puisse se dérouler en extérieur ou l’interdiction d’organiser des soirées électorales. Il préconise également d’entendre au maximum les horaires d’ouverture des bureaux de votes pour limiter le brassage.
Ce lundi 12 avril 2021, 56% des maires de France se sont exprimés en faveur du maintien de la date des élections régionales les 13 et 20 juin 2021. Un peu plus tard dans la soirée, on apprend qu'Emmanuel Macron se serait donc rangé de leur côté et prévoit d'organiser le scrutin avant l'été. Dans les prochains jours le Premier Ministre, Jean Castex devrait se présenter devant le Parlement pour défendre cette option et propose d'ores et déjà un report d'une semaine supplémentaire soit les 20 et 27 juin 2021.
Un report aurait de quoi inquiéter les nombreuses personnalités politiques, qui craignent que l'exécutif ne décaler le scrutin au-delà des prochaines élections présidentielles, prévues en 2022.
À l'origine de cette méfiance, on retrouve l'ancien ministre Jean-Louis Debré. Celui qui a été chargé de remettre un rapport en novembre 2020 au sujet du report des élections régionales ne cache pas ses soupçons. Lors de son audition au Sénat, l'ancien président du Conseil constitutionnel laisse entendre qu'en fait, « on voulait que j'arrive à la conclusion qu'il fallait que l'on reporte tout après les présidentielles ». Il précise qu'il s'est « rapidement rendu compte qu'il y avait beaucoup d'arrières-pensées chez les uns et les autres ». En réponse, l'Élysée dément « catégoriquement » ces suppositions.
Le Parlement a finalement choisi de suivre les recommandations de Jean-Louis Debré. La date annoncée des élections ne convainc cependant pas tout le monde. Le 26 janvier dernier, le sénateur LREM François Patriat prédisait à Libération que « les gens n'iront pas voter en juin ». Le sénateur redoute une forte abstention et du coup une légitimité moins forte pour les élus une fois arrivé à la tête de leur région. Et d'après lui, le coup monté viendrait surtout de la droite. « La droite veut à tout prix (les régionales) avant 2022 pour s'offrir un tremplin vers la présidentielle. Eux aussi font de la politique ». Un aveu à demi-mot d'une tentative de manœuvre politique par la majorité ?
Mais alors, pourquoi décaler à tout prix ces élections régionales et départementales ? Tout simplement pour éviter les couacs des dernières élections municipales. On se souvient que la bonne tenue du scrutin avait été chamboulée à bien des égards par la violence de la première vague du Covid-19, avec par exemple une abstention record.
Encore plus étonnant, le haut fonctionnaire entendait remettre au goût du jour une méthode de scrutin oubliée depuis longtemps en France : le vote par correspondance. À l'image de ce que l'on a pu observer pendant les élections américaines de novembre 2020, il demande à Matignon « d'envisager le développement du vote par correspondance ou par internet. » Une pratique que l'on ne connaît plus depuis 1975 en France. Le cabinet du Premier ministre rappelle que des « fraudes massives » avaient été constatées à l'époque.
Afin de rassurer élus et citoyens, le Parlement a voté, en même temps que le report des élections, un texte de loi qui permet d'adapter la tenue des élections et de la campagne électorale à la situation sanitaire. Ce projet de loi promet une augmentation de 20% du plafond de dépenses et un allongement de la durée de la campagne officielle, qui s'étendra sur 19 jours au lieu de 12. Le Point précise également que chaque électeur pourra bénéficier de deux procurations, contre une seule habituellement.
Durant la campagne, il n'y aura pas de "clips de campagne" sur les chaînes de radio et de télévision du service public, mais des programmes pédagogiques sur le rôle des instances à renouveler. Un numéro d'appel gratuit doit également être mis en place par les candidats pour permettre aux électeurs de se renseigner sur leurs programmes.
Enfin, ce texte prévoit que le gouvernement remette au Parlement un rapport sur l'état de l'épidémie de Covid-19, et sur les risques de contamination qu'entraînerait la campagne électorale. Ce rapport doit être fondé sur les analyses de comités de scientifiques et doit être rendu au plus tard le 1er avril, afin que le Parlement ait le temps de l'étudier et de décider - ou non - d'un nouveau report des élections.