Paris : l'armement de la future police municipale donne des munitions aux opposants d'Anne Hidalgo

Par · Publié le 19 novembre 2020 à 14h11
Le projet de loi "sécurité globale", actuellement en discussion à l'Assemblée nationale, prévoit la création d'une police municipale à Paris. Anne Hidalgo souhaite que les futurs agents soient seulement armés de tonfa, de bombes lacrymogènes et protégés par des gilets pare-balles. Les adversaires de la maire socialiste en profitent pour l'accuser d'irresponsabilité face à la menace terroriste qui frappe régulièrement la capitale.

L'improbable consensus des forces politiques favorables à la création d'une police municipale à Paris vole en éclat. Promesse de campagne, Anne Hidalgo s'était engagée en cas de victoire à créer une police rattachée à la Ville de Paris. Si la proposition, intégrée au projet de loi "sécurité globale" a été approuvée par l'Assemblée nationale ce jeudi 19 novembre 2020 -dernier obstacle à franchir avant sa création-, l'opposition LREM et de droite, pourtant d'accord avec cette initiative, a encore des choses à redire. 

Et pour cause : la question de l'armement des futures forces de l'ordre de la capitale fait largement débat. Dans le détail, le texte de loi "sécurité globale" entend surtout renforcer les pouvoirs dont disposent les maires sur leur police municipale, sans pour autant forcer leur forcer la main sur l'équipement. Anne Hidalgo l'avait annoncé : les agents de police de Paris seront seulement équipés de gilets pare-balles, de bombes lacrymogènes et de matraques de type tonfa. Aucun d'entre eux ne portera d'armes à feu ou quelconque autre arme létale.  

Forcément, il n'en fallait pas plus pour réveiller l'opposition de droite et de la majorité LREM, qui estime l'équipement prévu comme très largement insuffisant face à la menace terroriste. Prévisible : la première charge est venue de sa rivale aux dernières élections municipales, Rachida Dati (LR). L'ancienne garde des Sceaux, interrogée à ce sujet par nos confrères du Parisien, considère qu'il est "irresponsable" d'agir ainsi, et demande à ce que "l'État puisse remédier à cette carence et l'obliger à armer la police municipale"

Même son de cloche côté LREM. Le député de Paris Sylvain Maillard explique au Parisien que "il faut protéger ceux qui nous protègent en les armant". Il insiste sur un point : "s'ils se retrouvent face à des terroristes ou au grand banditisme, il leur sera difficile de se défendre avec des matraques". C'est pourquoi il en appelle "à la responsabilité de la maire". Pour l'ancien patron du RAID, Jean-Michel Fauvergue, lui aussi député de la majorité et rapporteur du projet de loi, "c'est une erreur, mais ce sera de sa responsabilité" appuie-t-il au micro de RTL

Sauf que l'équipe municipale fraîchement réélue à l'Hôtel de Ville soutient une politique sécuritaire radicalement différente. L'adjoint à la sécurité, Nicolas Nordman, veut que les forces de l'ordre de la capitale s'appuient sur une "complémentarité" avec la police nationale. D'après lui, "les équiper d'armes létales n'est pas utile dans le cadre des missions de présence dans la rue, de médiation de proximité et de verbalisation des incivilités qui seront les leurs". Aussi, hors de question d'être "dans la confusion des rôles" explique-t-il dans les colonnes du Parisien

D'ailleurs, le maire adjoint voit derrière ces tirs de sommation une manœuvre politique visant directement la maire socialiste. Il laisse entendre que "dans cette surenchère, il y a peut-être une volonté de nous discréditer et de minimiser ce changement considérable qui sera porté au crédit d'Anne Hidalgo". Aussi, il prend en exemple les derniers attentats ayant eu lieu à Nice. "Je remarque que cela a eu pour conséquence un désengagement très important de la police municipale". 

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