Les Français ne sont pas les seuls à s'alarmer face à la loi Sécurité globale. Nos confrères du Point rapportent les mises en garde que la Commission européenne a exprimées à l'égard du gouvernement français.
Ce qui fâche, c'est en particulier l'article 24 de cette loi : il prévoit de restreindre la publication de « l'image du visage ou tout autre élément d'identification » des forces de l'ordre en intervention, si ces images portent « atteinte » à leur « intégrité physique ou psychique ». Tout contrevenant encourt un an de prison et 45 000 € d'amende. Le gouvernement assure que cette loi ne doit pas porter « préjudice au droit d'informer » ; l'intention malveillante doit être « manifeste ».
Une assurance qui laisse dubitatifs les manifestants, et la Commission européenne, qui s'est permis un rappel à l'ordre. Christian Wigand, porte-parole de l'exécutif européen, a indiqué à l'AFP que « La Commission s'abstient de commenter des projets de loi, mais il va sans dire qu'en période de crise il est plus important que jamais que les journalistes puissent faire leur travail librement et en toute sécurité. Comme toujours, la Commission se réserve le droit d'examiner la législation finale afin de vérifier sa conformité avec le droit de l'UE ».
La Commission insiste donc sur l'importance de la liberté de la presse, tout en se présentant en garde-fou des droits de l'Homme. Le porte-parole assure que la Commission européenne remplira son rôle en cas de dérapage de la France. « Nous suivons la situation de près. Garantir la sécurité de tous ceux qui vivent en Europe est une priorité essentielle pour la Commission et nous travaillons main dans la main avec les États membres », a-t-il souligné.
Christian Wigand rappelle également les principes à respecter pour tout pays européen lors de la création d'une loi : « Lors de l'élaboration de leur législation en matière de sécurité, les États membres doivent respecter le principe de proportionnalité et trouver le juste équilibre entre la garantie de la sécurité publique et la protection des droits et des libertés des citoyens, y compris la liberté d'expression, la liberté des médias, la liberté d'association, le droit au respect de la vie privée et l'accès à l'information ».
Cette loi sème le trouble dans la société. Après des manifestations partout en France, c'est au tour des députés de protester contre l'article 24. Nathalie Sarles, députée LREM, était au micro de France Bleu lundi 23 novembre. Avec la loi Sécurité globale, la députée estime que « nous allons tranquillement vers un État autoritaire, vers une suppression des libertés individuelles. »