Renouer le dialogue avec les organisateurs de manifestations, pour mieux éviter les débordements devenus monnaie courante dans les manifestations en France. Face aux nombreuses polémiques suscitées par la gestion des forces de l'ordre des manifestations et mouvements sociaux à Paris comme ailleurs en France, le ministère de l'Intérieur entend changer de méthode (du moins essayer). Comme l'informe l'AFP ce mercredi 20 janvier 2021, des policiers d'un nouveau genre vont intégrer les manifestations et cortèges dès le mois de mars.
En quoi cela change par rapport à avant ? Pas de LBD, de casque ou de bouclier anti-émeute : cette fois, ces policiers seront simplement équipés d'un brassard bleu ciel. Des "équipes de liaison et d'information" (ELI) créée dans le cadre des mesures du nouveau schéma national du maintien de l'ordre (SNMO) initié par Christophe Castaner et confirmé par son successeur Gérald Darmanin. "Depuis une dizaine d'années, on constate une perméabilité des manifestations au phénomène des violences urbaines, il faut donc nous adapter" explique Philippe Lutz, directeur central. du recrutement et de la formation de la police nationale, en charge de la formation des ELI.
Concrètement, en quoi consiste les missions de cette brigade d'un nouveau genre ? Par groupe de 2 ou 3, les policiers devront rester en contact permanent avec les organisateurs des manifestations. Soit les manifestations sont déclarées, et ils devront rencontrer ces organisateurs en amont. Soit la manifestation n'est pas déclarée, et ils auront à charge de reconnaître et d'identifier les supposés "leaders". "Même dans les mouvements plus spontanés, comme les étudiants, les lycéens, il a de fait des meneurs" soutient Bertrand Chamoulaud, conseiller doctrine du directeur général de la police nationale.
Ainsi, avec l'aides des points de contact, les policiers des ELI informeront autant les manifestants que les forces de l'ordre en présence des dernières informations pratiques à prendre en compte. Changements d'itinéraires, présence d'éléments perturbateurs dans les cortèges, mais aussi imminence d'une charge de police : des messagers à part entière, utiles pour les deux "camps". "Quand on utilise les lacrymogènes sur les casseurs, les manifestants ne le comprennent pas toujours et cette incompréhension crée des tensions inutiles avec des gens pacifiques qui finissent par venir au soutien des casseurs parce que nous n'avons pas sur expliquer", soutient le conseiller.
Seuls équipements autorisés pour les policiers des ELI : leur arme de service, un gilet pare-balles, un bâton télescopique et des bombes lacrymogènes. Comme leurs confrères de la BAC (Brigade Anti-criminalité), ces derniers seront exclusivement en civil.