Avant de faire face à la concurrence sur le marché du transport, la RATP doit encore s'améliorer. Tel est le constat avancé par la Cour des comptes dans son dernier rapport sur l'Epic (établissement public industriel et commercial) RATP, publié ce lundi 25 janvier 2021. Selon l'institution qui juge les comptes des comptables publics, la régie de transports publics franciliens souffrirait de "surcoûts", dus notamment à un "cadre social largement hérité de l'histoire".
Aussi, si la Cour des comptes s'immisce dans l'intimité de la RATP, c'est bien parce que la régie s'apprête à répondre "aux futurs appels d'offres dans le cadre de l'ouverture à la concurrence" de ses réseaux rappelle l'institution de la rue Cambon. Aujourd'hui, bien que l'entreprise ait "amélioré sa productivité", la Cour des comptes reproche encore une "organisation du travail trop rigide" plus particulièrement "sur les années 2011 à 2018, avec quelques points d'actualisation en 2019" souligne le rapport.
D'abord, il y a le problème du temps de travail. Quand les agents de la RATP font des heures sup', le temps de travail supplémentaire est calculé "sur une base journalière". Ce qui selon l'institution "distingue fortement la RATP des autres entreprises du secteur". Ainsi, la Cour des comptes préconise de calculer ce temps plutôt sur "quelques semaines", dans le but de pouvoir "faire travailler davantage" les agents de son réseau "certains jours avec une compensation les jours suivants". Si la situation des conducteurs de bus reste "malgré tout satisfaisante", l'institution juge celle des conducteurs de métro et de RER comme "problématique".
Avertissements et recommandations
En ce sens, la Cour des comptes estime que le cadre social de la RATP garde "un système de rémunérations coûteux", pointant du doigt des "grilles salariales trop inflationnistes". Sans parler du "système de primes complexe et onéreux", qui semble ne pas plaire à ses experts. Globalement, l'institution considère que la régie a pris trop de "retard" dans "l'adaptation" de ce cadre social en vue d'une ouverture à la concurrence.
Des carences qui s'expliquent "en partie par un défaut d'anticipation de la part de l'État" concède les rapporteurs, pour qui les "nombreux textes réglementaires" qui "tardent à être publiés" ont participé à placer "aujourd'hui l'entreprise dans une position délicate". Dès le 1er janvier 2025, les réseaux autobus de la RATP s'ouvriront à la concurrence.
Par ailleurs, la Cour donne en contrepartie cinq "recommandations" pour mieux gérer l'entreprise. Réviser l'organisation du travail "en renonçant à la durée journalière de référence", "augmenter la durée de conduite effective" des conducteurs de métro et RER, mais aussi "réduire l'automaticité" des hausses de salaire, diminuer les "primes à l'acte" pour mieux renforcer les "primes de performance", et enfin mettre en place une "procédure de contrôle des primes versées". En bref, il y a de quoi faire avant que la RATP soit parfaitement adaptée à l'arrivée de la concurrence !