Semaine décisive, décisions difficiles. Tel est le rythme compliqué auquel se plient les femmes et hommes politiques de l'exécutif. Un peu moins de 15 jours après avoir instauré un couvre-feu dès 18h partout en France pour lutter contre l'épidémie du Covid-19, le président de la République et ses plus proches collaborateurs doivent forcément se décider dans les prochains jours à propos d'un reconfinement sur tout le territoire.
A priori, le durcissement des mesures semble inévitable. À la sortie du Conseil de défense de ce mercredi 27 janvier 2021, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal annonçait que le scénario d'un "confinement très serré" était actuellement à l'étude au sein de l'exécutif, en raison d'une efficacité du couvre-feu à 18h qualifiée de "relative". Aussi, toujours selon le jeune ministre, "différents scénarios" seraient également en réflexion : soit le "maintien du cadre actuel", qu'il juge "peu probable", soit un nouveau "confinement très serré".
Si pour les épidémiologistes, médecins et membres du Conseil scientifique la décision concernant un nouvel épisode de confinement s'impose d'elle-même compte tenu du contexte sanitaire, l'exécutif entend tout de même prendre la mesure de l'état de la pandémie en France avant de se prononcer. Et pour cause : le président Macron et ses ministres concernés ont préféré temporiser avant d'annoncer des choix difficiles. Principale raison avancée : l'objectif "d'avoir l'équilibre le plus juste entre freinage de la circulation du virus et la vie des Français" précise Gabriel Attal.
Des choix durs, à prendre sans forcément avoir toutes les cartes en main. Selon le gouvernement, "c'est au bout de deux semaines qu'on peut tirer les enseignements du couvre-feu, et (la fin de ces deux semaines arrive samedi" 30 janvier 2021, explique le porte-parole. Avant d'avertir sur le fait que "à ce stade, son efficacité est relative, et dans ces conditions on anticipe".
D'ailleurs, le Premier ministre Jean Castex confirmait lundi que "des décisions seront prises cette semaine, il ne s'agit pas de baisser la garde". Attention à ne pas se prononcer trop vite sur un sujet aussi délicat : en coulisses, l'entourage d'Emmanuel Macron martèle à l'AFP que "rien n'est encore acté" au sujet d'un troisième confinement, et que pour l'instant le président cherche encore à "trouver le juste équilibre". Dans tous les cas, peu importe la gravité des divisions, force est de constater les erreurs de communication ...
Toujours dans les couloirs de l'Élysée, un autre conseiller du président confie au Monde que "les chiffres doivent démontrer la nécessité" d'un reconfinement national. Les scénarios d'un statu quo ou d'un confinement version automne ou printemps 2020 sont encore aujourd'hui sur la table. Pour Alexandre Peyrout, journaliste au service politique de France Télévisions présent sur le plateau de France info jeudi 28 janvier 2021, la zizanie pointe le bout de son nez. "On constate qu'il y a une vraie cacophonie au gouvernement sur les différents scénarios. C'est difficile d'y voir clair. Des ministres parlent en même temps et ne disent pas la même chose", explique-t-il.
Le ministre de la Santé Olivier Véran préfère résumer la situation ainsi. "On est à la croisée des chemins. Soit on parvient à maîtriser l'épidémie, soit non. Aujourd'hui, les chiffres ne montrent pas de flambée notamment grâce aux effets du couvre-feu", explique-t-il. On comprend qu’une telle décision concernant le reconfinement peut encore attendre selon le ministre en première ligne.
Aussi, certains ministres préfèrent d'ores et déjà écarter le pire. Dans un entretien accordé au Journal du dimanche, le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer ne cache pas sa volonté de maintenir l'éducation en présentiel, et en vie. "L'école reste essentielle pour nos enfants", souligne le ministre. La fermeture des écoles pour lutter contre le virus ? "Concevable en cas de nécessite absolue", affirme l'ancien directeur de l'ESSEC. Pour l'instant, les Français restent suspendus aux décisions gouvernementales de ce mercredi.