Une bonne nouvelle dans la lutte contre le Sida... Les scientifiques de l’institut de recherche américain Scripps, ainsi que l’Initiative internationale pour un vaccin contre le sida, ont annoncé dimanche 11 avril avoir réussi à inciter l'organisme à fabriquer des anticorps ayant le pouvoir de "neutraliser une large gamme de souches virales", comme l'expliquent nos confrères du Figaro. Une avancée pharmaceutique majeure après plus de 30 ans de travaux sur le sujet.
"On pensait qu’on n’arriverait jamais à produire ces anticorps à large spectre, appelés ANLS en français, dont on espère qu’ils permettront de contrer l’incroyable capacité du VIH à muter", a ainsi expliqué le professeur Jean-Daniel Lelièvre, responsable du département d’immunologie clinique et des maladies infectieuses à l’hôpital Henri-Mondor à Créteil, toujours à nos confrères du Figaro. Mais trouver un vaccin contre le VIH reste complexe, le virus étant capable de muter rapidement, plus rapidement même qu'a l'organisme à produire une défense immunitaire.
Et selon les premiers résultats de cette étude, ce candidat vaccin induirait une réponse immunitaire de 97%. "C’est le vaccin expérimental contre le sida le plus efficace à ce jour", explique ainsi la docteure Ayoade Olatunbosun-Alakija, ancienne coordinatrice en chef de l’humanitaire au Nigéria. Celle-ci a consisté en deux groupes, sur un total de 48 volontaires (l'essai clinique étant en phase 1). Sur les 48 personnes participant à l'étude, la moitié a reçu deux doses de vaccin, tandis que l'autre moitié a reçu un placebo. Ainsi donc, 23 des 24 personnes ayant reçu le vaccin ont développé une réponse immunitaire.
"Cette étude apporte la preuve de principe d’un nouveau concept de vaccin contre le VIH, un concept qui pourrait également être appliqué à d’autres agents pathogènes", indique de son côté William Schief, immunologiste à l’Institut de recherche Scripps. Et de préciser que les laboratoires de recherches se sont associé à Moderna, pour produire le vaccin si les essais étaient concluants. Une collaboration qui n'est pas anodine, puisque la prochaine étape pour les laboratoires est de tester leur stratégie via un vaccin ARNm.
Mais ce ne sont pas les seuls à travailler sur l'élaboration d'un vaccin... Le VIR, l'Institut de recherche vaccinale, annonçait jeudi 25 février lancer la première phase d'un essai clinique d'un vaccin contre le VIH et cherche actuellement des candidats : "72 volontaires entre 18 et 65 ans sans problème de santé", peut-on lire sur le site de l'INSERM. Début de la première phase mi-avril.
Un candidat vaccin, intitulé "CD40.HIVRI.Env", qui sort des sentiers battus, puisque celui-ci ne ressemble à aucun autre en circulation. Et pour cause : celui-ci vient stimuler les cellules dendritiques, essentielles pour lutter contre le virus dans le corps.
Comment ce vaccin fonctionne-t-il ? Celui-ci, composé, comme nous l'expliquent nos confrères de Francetvinfo, d'anticorps "auxquels sont accrochés des fragments du VIH", cible directement ces cellules dendritiques, dans le but d'induire une réaction immunitaire. "D'abord on cible les bonnes cellules, ensuite on choisit des fragments du virus, en l'occurrence l'enveloppe du VIH qui lui permet d'entrer dans l'organisme. Troisième avantage, on stimule la cellule dendritique donc l'immunité. Enfin, comme on cible les bons fragments et la bonne cellule, on n'a pas besoin d'une grande quantité de vaccin", explique ainsi le professeur Yves Levy, directeur du VIR à la tête de cet essai.
Cette première phase d'essai clinique - sur l'homme donc - va permettre de voir si le vaccin est bien toléré ou non par l'organisme, et s'il induit une réaction immunitaire. Une étude qui devrait même servir dans la lutte contre la Covid... Et pour cause : les chercheurs de l'institut travaillent également sur un vaccin contre les variants de la maladie, basé sur le même modèle, au moyen d'anticorps auxquels sont greffés des fragments du virus, ciblant directement les cellules dendritiques.
Pour rappel, un vaccin avait déjà fait l'objet d'une étude, en 2009, sans grand succès. En France, on compte plus de 170 000 personnes contaminées par le virus du Sida et 25 000 ne savent pas qu'elles sont porteuses de la maladie. Au total, 6 200 cas sont détectés chaque année.