Après l'Armée de Terre, la Marine nationale, la gendarmerie, l'Armée de l'Espace ? Depuis le 11 septembre 2020, l'Armée de l'Air de France est officiellement devenue l'Armée de l'Air et de l'Espace. Cette nouvelle et surprenante addition a été décidée par Emmanuel Macron et a pour but de protéger les intérêts du pays face « aux acteurs spatiaux inamicaux », selon l'expression utilisée par le chef de l'État lors de son discours du 13 juillet 2019.
Le 8 mars 2021, ce nouveau corps d'armée a pu vivre son premier entraînement. Le ministère des armées a annoncé le lancement d'Aster X, le premier exercice militaire français dans le domaine spatial.
Cet exercice se déroule en virtuel du 8 au 12 mars et réunit tous les services civils et militaires qui participent à la protection de l'espace au nom de la France.
Lors de cet entraînement, les personnes impliquées ont dû régler une crise (simulée, évidemment) entre un État doté de capacités spatiales et un autre ayant un accord d’assistance militaire avec la France. Dans ce scénario, le conflit devait être résolu dans un espace encombré par la circulation de dizaine de milliers d'objets simulés et où vont se produire 18 « événements » de crise : de la pénétration « à risque » de débris dans l’atmosphère pouvant menacer la population et nécessitant éventuellement de la prévenir, à l’approche menaçante d’un satellite français par une puissance adverse pour capter ses données, le brouiller, ou le détruire.
Ces scénarios d'entraînement peuvent être basés sur des précédents réels : comme le rappelle Le Monde, en 2017, un satellite russe avait tenté de se rapprocher d'un satellite militaire franco-italien à des fins d'espionnage.
Toulouse est désormais le siège administratif du nouveau commandement militaire de l’espace (CDE), créé en 2019. C'est donc là que se sont réunis les soixante participants à cet exercice. D'ici 2025, les services, entités et programmes liés à la défense spatiale devraient tous être regroupés dans un seul lieu, à Toulouse.
Le Centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux, le Centre militaire d’observation par satellites, mais aussi des industriels comme Safran, CS Group et ArianeGroup et - pour cet exercice - l’Office national d’études et de recherches aérospatiales et le Centre national d’études spatiales, vont devoir apprendre à cohabiter.
Cette initiative est une première en France et en Europe : des militaires étrangers, partenaires de la France, se sont donc joints à l'entraînement.
Le gouvernement assure que cette nouvelle force armée ne sera utilisée que pour des actions défensives. Interrogé par nos confrères du Monde, le général Michel Friedling, en charge du CDE, a expliqué que de nouveaux programmes spatiaux devaient servir à montrer la force de la France.
Il parle notamment du programme « Action et résilience spatiale » ( "Ares" ), lancé en 2019. Ce dernier soutien la recherche pour trouver de meilleures capacités de ripostes dans l’espace, d’ici à 2030. « Aujourd’hui, notre objectif est de démontrer que notre stratégie spatiale n’est pas qu’un document d’intention, que l’on est en train de monter en gamme et de passer de la parole aux actes pour garantir notre liberté d’action dans l’espace », assure le général.
Un budget de cinq milliards d'euros a été alloué au service de défense spatiale pour la période de 2019 à 2025. La majeure partie de cette enveloppe va être engloutie dans la modernisation des satellites d'observation, de télécommunication et d'écoutes électromagnétiques. Le reste sera principalement divisé entre le programme Ares et le développement du nouveau commandement de l’espace de Toulouse.