Les autotests Covid enfin disponibles en pharmacie ! Le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé que ces tests de dépistage, promis depuis un bon moment, seront disponibles uniquement en pharmacie dès le 12 avril prochain : « À partir du 12 avril, les pharmacies pourront vendre des autotests à ceux qui souhaitent en acheter », a-t-il ainsi expliqué le 2 avril dernier à nos confrères de Brut.
Malgré les déclarations du ministre, les pharmaciens s'affolent : « On ne sera pas prêts demain [lundi 12 avril] à 8 heures », s'inquiète Gilles Bonnefond, le président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), au micro de France Info ce 11 avril.
« Il nous manque quelques éléments. On espérait avoir au Journal officiel ce [dimanche] matin les informations sur les prix et les conditions de mise à disposition. [On aurait aussi voulu ] voir quelle est la liste des tests qui sont reconnus par l'Agence du médicament comme étant fiables. Il y en a six aujourd'hui, dont deux français, alors que beaucoup de fabricants nous proposent des tests qui ne sont pas aujourd'hui reconnus. » Gilles Bonnefond ajoute que « les pharmaciens sont prudents, ils ne veulent pas mettre à disposition des tests qui ne sont pas fiables. »
Dans l'attente de consignes claires, l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine a décidé de vendre ces autotests « à 6 euros sur un prix encadré maximum. Après, ce prix baissera certainement au mois de mai. »
Où trouver des autotests ?
Ces tests seront en revanche uniquement disponibles en officine, et non dans les grandes surfaces comme évoqué il y a plusieurs semaines : « il faut qu'il y ait un professionnel de santé qui puisse vendre ces tests-là et en expliquer le fonctionnement », a indiqué Olivier Véran.
Une commercialisation qui aura également pris son temps... Ce vendredi 2 avril, au matin, Martin Blachier, épidémiologiste, expliquait également, au micro de nos confrères d'Europe 1, que le ministère bloquait la commercialisation des dits tests, Olivier Véran évoquant une fiabilité moindre.
Le 17 mars 2021, Carrefour annonçait pourtant que les premiers autotests allaient être proposés à la vente dès le week-end des 20 et 21 mars. Disponibles en libre-service dans les rayons parapharmacie des magasins de l’enseigne, les tests avaient été commandés en grand nombre par Carrefour; la firme annonçant en avoir commandé un million.
Par ailleurs, la Haute Autorité de Santé avait donné son feu vert le 16 mars dernier pour une commercialisation de cet outil de dépistage destiné au grand public, avec des tests sous forme de prélèvements nasaux ; ces autotests pouvant être utilisés par des personnes asymptomatiques, dès 15 ans.
On rappelle également que cette annonce a précédé celle du directeur général de la santé, Jérôme Salomon, qui évoquait une commercialisation prochaine au micro de BFMTV le 14 mars dernier. Le professeur controversé y décryptait la situation sanitaire du pays, estimant notamment que « nous sommes sur une ligne de crête, la situation est complexe, tendue, elle a tendance à se dégrader en Île-de-France. »
Selon les informations de BFMTV, ces autotests seront vendus par boîte de 20 tests à 40 euros, soit deux euros l'unité. Puis, ils seront proposés à la vente par boîte de cinq à 15 euros, pour un prix à l'unité de 3 euros.
La Direction Générale de la Santé précisait par ailleurs, le 20 mars dernier, à nos confrères de Franceinfo que « dans un premier temps, et avant tout déploiement supplémentaire, une expérimentation sera menée au cours du mois de mars ». Par ailleurs, la vente de ses autotests sera encadrée par des professionnels de santé et proposée, dans un premier temps, à « des populations qui se testent moins que les autres, ou qui ont besoin de se faire tester régulièrement », comme les SDF ou encore les étudiants.
Jeudi 25 mars, le Parisien apportait de nouvelles informations concernant la mise en vente des autotests. Selon la Direction générale de la Santé, ces tests devraient bientôt être autorisés à la vente en pharmacie, trois à quatre semaines plus tard. Et de préciser qu'ils ne seraient pas présents dans les rayonnages en vente libre des supermarchés. « Leur vente en dehors des pharmacies n’est pas autorisée », confirmait la DGS à nos confrères du Parisien.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette décision. La première crainte des autorités de santé réside dans une mauvaise utilisation des tests. Interrogé par le Parisien, Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine, explique qu'il « faut aller jusqu’à 4 cm dans le nez, on ne peut être sûr que les gens le feront bien, certains pourraient même se blesser. » Olivier Véran lui-même admettait le week-end dernier : « J’ai essayé, et ce n’est pas aussi simple qu’on l’imagine. »
Vient ensuite la question d'un résultat positif. Si ces autotests indiquent la présence du virus chez la personne testée, un test PCR doit être effectué pour confirmer le résultat. De plus, il devient compliqué d'effectuer le traçage des cas contacts. L'isolement et le partage d'information sont soumis à la simple volonté de la personne malade, qui peut décider qu'elle ne se montrera pas prudente.
Enfin, avant la mise en vente de ces dispositifs, le ministère doit décider dans un arrêté si ces autotests seront remboursés par la Sécurité sociale ou non. Les tests de dépistages classiques, gratuits en pharmacie et dans les centres dédiés, conserveront la préférence du public si les autotests ne sont pas remboursés.
Un autotest, comment ça marche ?
Mais que sont exactement ces autotests ? Il s'agit de tests antigéniques rapides à faire chez soi. Ils sont notamment développés par les laboratoires Roche. Ces tests doivent donner un résultat en 20 à 30 minutes seulement. Ces tests s'effectuent avec un écouvillon qui prélève un échantillon dans le nez.
Pas de panique cependant : vous n'aurez pas à vous enfoncer vous-même ce coton-tige jusqu'au fond du nez. Contrairement aux tests réalisés par des professionnels, ces autotests recueillent leur échantillon à la surface du nez (3-4 cm). Michel Guyon, directeur marketing de Roche Diagnostics France, expliquait à nos confrères de Sud-Ouest que l'écouvillon doit ensuite « être placé dans un tube qui contient un tampon d’extraction. Une réaction antigène/anticorps se produit si le virus est présent dans le prélèvement du patient, et fait alors apparaître une ligne colorée qui signe un résultat positif. » La lecture du résultat est donc semblable à celle d'un test de grossesse.
La facilité d'utilisation de ces autotests et leur mise à disponibilité prochaine vont ainsi élargir l'accès au dépistage à de nombreuses personnes et donc, idéalement, réduire la propagation du virus.