Déconfinement : pas de changement de calendrier pour Macron, en dépit de la situation sanitaire

Par · Publié le 21 avril 2021 à 11h02
Tandis qu'en France la situation épidémique reste sur un fil compte tenu de la présence des variants, le gouvernement annonce une première levée de l'interdiction de déplacement à plus de 10km, et l'allègement du couvre-feu dès le 2 mai. Les écoles rouvrent lundi 26 avril pour les maternelles et primaires. Réouverture progressive des lieux culturels et terrasses par "phases", en fonction de la circulation du virus dans chaque territoire, accélération de la campagne de vaccination, mesures barrières "durables" : au sommet de l'État, toutes les options crédibles sont prises en compte pour tenir l'objectif ambitieux du chef de l'État. Avec, comme souvent, zéro certitude sanitaire.

L'équilibriste Emmanuel Macron va-t-il réussir à tenir la corde du calendrier du déconfinement ? Tous les Français l'ont noté dans leur agenda ou dans leur esprit : en France, la réouverture progressive et le déconfinement commencent "dès la mi-mai". Telle est la promesse formulée le 31 mars dernier par le chef de l'État au soir de son allocution. Un peu plus de deux semaines plus tard, les quelques indices distillés par l'exécutif au sujet des modalités et du calendrier de déconfinement ont de quoi donner le tournis. 

Surtout quand la confusion vient d'en haut. À l'occasion d'une réunion organisée jeudi 15 avril avec une quinzaine de maires de ville moyennes, le président Macron a précisé les contours des prochaines étapes : le déconfinement se fera en plusieurs phases, à partir d'un calendrier décidé en concertation avec les élus locaux. D'abord la réouverture de certains lieux culturels comme les musées, accompagnée d'un déconfinement des terrasses de cafés et restaurants, puis viendra le reste, progressivement. "Certains lieux culturels et certaines terrasses rouvriront à la mi-mai", soutient Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, à la sortie de la réunion. Certaines réouvertures, mais rien de certain. 

Au matin de la troisième semaine suivant les annonces gouvernementales, l'exécutif avance encore un peu plus ses pions. Alors que le ministre de la Santé estime que la situation sanitaire reste "fragile" en France, avec une baisse du taux d'incidence vite rattrapée par la saturation permanente des services de réanimation, "la réouverture des écoles en présentiel" au 26 avril et celle des "collèges et lycées" dès le 3 mai pourront bien se faire comme prévu, affirme-t-il au Télégramme ce mardi 20 avril 2021. "On va rouvrir, je m'y engage", confiait même le président Macron la veille à des parents d'élèves à Montpellier. 

Seulement, comment ce déconfinement va-t-il s'organiser ? Pour se prévenir d'un relâchement de la population risqué, tout en gardant le nez sur le calendrier des promesses présidentielles, l'idée est de favoriser les petites victoires. "Il faut des "quick wins", des petites victoires qui redonnent le moral à tous. Les terrasses, c’est une petite victoire pour éclairer notre quotidien", souligne au Monde Olivia Grégoire, secrétaire d'État à l'économie sociale et solidaire.

À ce sujet, l'Élysée entend maintenir une ligne claire. Selon un conseiller interrogé par Le Monde, le calendrier du déconfinement sera tenu "invariablement". Seul changement confié ce mercredi 21 avril 2021 au matin par le même conseiller et confirmé par l'AFP dans la foulée : dès le 2 mai, l'exécutif souhaite lever au moins l'interdiction de déplacement dans un rayon de 10km, et alléger le couvre-feu. 

D'ailleurs, la prudence est aussi de rigueur chez le jeune porte-voix. "Par la suite, l’augmentation du nombre de personnes vaccinées nous permettra d’autres réouvertures, progressivement. Nous emploierons des critères rationnels, de bon sens, en distinguant les lieux extérieurs et intérieurs, ceux où l’on circule ou pas, ceux où il est nécessaire de retirer son masque", explique-t-il dans un entretien accordé aux Échos. Là-dessus, la "crédibilité du chef de l'État est en jeu", souffle un proche du président au quotidien. En ce sens, la ministre du Travail Élisabeth Borne garde l'esprit pratique. "Il faudra réfléchir à des mesures barrières plus durables parallèlement à la vaccination", estime la ministre. 

A priori, selon les informations relayées par nos confrères du Monde, l'option d'un déconfinement par territoire, en fonction de chaque situation sanitaire, reste privilégiée par l'exécutif - à l'image de ce qu'il préconise depuis l'instauration des premières mesures restrictives. En revanche, pas question d'arrêter une date précise : comme à son habitude, le président Macron s'efforce de donner un horizon, "vers la mi-mai". S'engager sur une date relèverait d'un véritable numéro digne des plus grands cirques. Et d'un pari politique bien trop audacieux par les temps qui courent. 

En coulisses, chaque sortie présidentielle grandiloquente donne des sueurs froides aux petites fourmis en charge de l'intendance. Le moindre pépin qui pourrait se coincer dans l'engrenage fragile décidé par l'exécutif menace le déconfinement tout entier, et la crédibilité politique de la majorité présidentielle. "On peut passer de l'ombre à la lumière d'un jour à l'autre", avertit  Gilles Le Gendre, président déchu du groupe LREM à l'Assemblée nationale. Alea jacta est... 

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