Cela fait déjà des années que les internes en médecine dénoncent leurs conditions de travail et leur temps de travail, mais avec la crise sanitaire due au covid-19, la situation empire, malgré le Ségur de la Santé et les aides promises par le gouvernement. L'Intersyndicale nationale des internes (ISNI) souhaite alerter sur le sort des internes en médecine, les médecins de demain, et a lancé fin février la campagne "protège ton interne" avec un appel à prendre 10 mesures d'urgence. Ce samedi 17 avril, elle appelle à un hommage silencieux devant son ministère, le ministère des Solidarité et de la Santé.
Lors de ce "moment de recueillement", trois familles d'internes décédés feront une allocution. Des fleurs seront déposées, ainsi que "des blouses des internes décédés" et des "affiches avec leur prénom et la date des décès".
Pour Alexandra De Sousa Dantas, vice-présidente de l'Isni, les internes travaillent d'ordinaire "plus de 60 heures par semaines", un temps de travail "qui peut aller jusqu'à 90 heures à cause de la crise sanitaire". Mais surtout, l'ISNI dénonce une violence institutionnalisée."Celle-ci est parfaitement assumée par l’encadrement universitaire des facultés de Médecine".
Résultat, cinq internes se sont suicidés depuis le début de l'année, et une dizaine sont des victimes du système chaque année. Mais surtout, plus de 700 jeunes médecins (3,8%) déclaraient une tentative de suicide et des milliers d'autres avoir eu des idées suicidaires lors de la dernière étude statistique en 2017. "Les internes ont trois fois plus de risque de se suicider" que le reste de la population du même âge", précise Alexandra De Sousa Dantas sur FranceInfo.
Pour l'intersyndicale, chaque suicide d’interne en médecine doit conduire au déclenchement d’une mission d’inspection indépendante nommée par les Directeurs d’ARS et comprenant des représentants des internes, mais il faut aussi prévenir les harcèlements et revoir la charge de travail. Cela passe par un décompte précis du temps de travail, et la formation des encadrants universitaires et hospitaliers aux problématiques de harcèlement et de risques psycho-sociaux, "du doyen aux chefs de service" et surtout, tout médecin reconnu coupable disciplinairement et/ou pénalement de harcèlement envers un ou une de ses collègues ou internes devrait être exclus du champ de l’enseignement de façon immédiate.
En attendant, le rendez-vous est pris devant le ministère de la Santé, et sur les réseaux sociaux.