Cette année encore, les musulmans ont entamé le ramadan durant une période de confinement en France. Épidémie de coronavirus oblige, les pratiquants ont dû s'adapter. Alors que le mois de jeûne touche presque à sa fin, une date clé du calendrier musulman approche : celle de la Nuit du Destin, qui cette année se déroule dans la nuit du 8 au 9 mai 2021.
Dans la religion islamique, la Nuit du Destin célèbre la nuit durant laquelle l'ange Gabriel a révélé le Coran au prophète Mahomet. Aujourd'hui, les musulmans suivent un rite au cours de cette date clé qui survient pendant le ramadan. D'ordinaire les croyants veillent, et se réunissent pour prier. C'est une nuit qui « constitue un rite essentiel pour les musulmans », avait insisté le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz.
Mais couvre-feu oblige, cette année il n'est pas question de se rendre dans les mosquées durant la nuit. Le recteur de la Mosquée de Paris avait tenté de réclamer l'ouverture des lieux de culte de 21h à 2h du matin. Une demande qui a été refusée d'abord par le ministère de l'Intérieur. La décision est confirmée par le Conseil d'État ce jeudi 6 mai 2021.
Ce dernier estime que la situation sanitaire, dont les indicateurs demeurent encore élevés, ne permet pas cette levée exceptionnelle du couvre-feu. À cet argument s'ajoute la difficulté que représenteraient les contrôles durant cette nuit : « Il serait très difficile pour les pouvoirs publics de s’assurer que tous les déplacements dans la nuit du 8 au 9 mai, hors motif impérieux, sont en lien avec la "Nuit du Destin" », indique le Conseil d'État.
Le juge des référés a par ailleurs ajouté que les musulmans peuvent d'ores et déjà « participer collectivement aux cérémonies religieuses organisées entre 6 heures et 19 heures », rappelant que les mosquées ont reçu l'autorisation d'ouvrir pour la première prière du matin (avant 6h) durant la période de ramadan. Le Conseil d'État souligne aussi que « des mesures alternatives ont été mises en place par de nombreuses mosquées pour permettre un suivi adapté des croyants », mentionnant notamment les services religieux « dématérialisée ».
Le Conseil d'État a finalement conclu que « l'impossibilité de se rendre dans un lieu de culte pendant le couvre-feu, y compris pour la 'nuit du destin', ne porte pas une atteinte manifestement disproportionnée à la liberté de culte compte tenu de l'objectif de protection de la santé publique. »