Une mobilisation sans fin pour la centaine de "sans facs" de l'université de Nanterre

Par Graziella de Sortiraparis · Publié le 17 octobre 2021 à 9h40
Depuis la rentrée, la campagne des sans-facs bat son plein à l'université Paris-Nanterre. Plusieurs centaines d'étudiants se retrouvent sans licence ou master et réclament, aux côtés des militants de l'Unef, le traitement de leurs dossiers pour pouvoir continuer leurs études.

D'années en années, le nombre d'étudiants qui souhaitent aller à l'université augmente, tandis que le nombre de places disponibles, lui, diminue. Une situation aggravée par la mise en place d'une sélection critiquée, depuis la création de Parcoursup, la plateforme post-bac qui distribue leurs affectations aux bacheliers. Chaque rentrée, de nombreux jeunes se retrouvent sans université, et ne peuvent pas continuer leurs études, par manque de place. C'est pourquoi les syndicats étudiants, dont l'Unef, ont mis en place la campagne des "sans-facs" qui a pour but de trouver des places à ceux qui se retrouvent sans rien, à l'Université Panthéon-Sorbonne, à Lille, au Mans, à Grenoble ou à Lyon.

À Nanterre, cette campagne a déjà permis à près de cinquante étudiants d'intégrer une formation. Les sans facs et les militants de l'Unef se rassemblent quotidiennement devant et à l'intérieur du bâtiment de la Présidence pour "dire fort qu'étudier est un droit et pas un privilège". Hajar Amanzou, militante à l'Unef en deuxième année de licence de sciences politiques à Nanterre, se mobilise avec le collectif, qui a recensé des centaines de dossiers et essaye chaque jour d'obtenir de nouvelles inscriptions auprès du cabinet de la Présidence. Récemment, les sans facs ont occupé pendant une dizaine d'heures les locaux afin de protester contre le manque de réaction de l'université. 

"Concrètement, on assiste à une réduction du budget de l'enseignement supérieur année après année. En 2021, c'est 188 millions d'euros en moins dans le budget de l'enseignement supérieur et de la recherche. En parallèle, les jeunes sont de plus en plus nombreux à vouloir aller à la fac", nous indique Hajar. L'étudiante dénonce une sélection "qui se base sur des critères sociaux discriminants". Et ces sans facs ne sont pas que des bacheliers. Les étudiants diplômés d'une licence font face au même problème, avec "environ un million de places en licence pour 580 000 places en master". Un véritable entonnoir qui empêche les étudiants de continuer leurs études. 

Catherine, diplômée cette année d'une licence de psychologie à Nanterre évoque "une année très difficile psychologiquement" pendant laquelle elle a ressenti un abandon de la part de l'université. "Épuisée", elle a malgré tout postulé dans une dizaine de master, et n'a reçu aucune réponse positive. Après un été empli de stress et d'attente, elle dépose son dossier auprès de l'Unef. Elle nous confie que la campagne "est très difficile physiquement, psychologiquement et émotionnellement" mais que "c'est le seul moyen d'obtenir une affectation et je ne lâcherais pas avant d'avoir obtenu mon master. La présidence veut nous avoir à l'usure mais nous n'allons pas lâcher aussi facilement". Avant de déplorer le manque d'actions du gouvernement, et de places en master, "car cinquante places, lorsque nous sommes une licence d’environ 400 ou 500 personnes, c’est aberrant"

Hajar Amanzou milite pour les droits étudiants depuis l'année dernière à Nanterre et observe de plus en plus de réductions budgétaires et de suppression des droits étudiants, comme la compensation ou les rattrapages. La campagne des sans facs a ainsi réussi à trouver des solutions alternatives pour de nombreux étudiants, mais ne compte pas cesser le mouvement avant d'avoir déniché une place à tous les jeunes mobilisés. "Cela est tout à fait faisable et ne demande qu'au Président de l'université de signer un papier. Inscrire les sans fac n'est pas un coût mais un gain pour la société", ajoute-t-elle. Cependant, à cause de la sélection instaurée, la campagne doit maintenant avoir lieu chaque année, et la seule solution pour l'Unef, "c'est l'ouverture de places en nombre à l'université". L'étudiante et militante dénonce également le choix politique du gouvernement de ne pas investir dans la jeunesse et de faire le choix "de politiques antisociales".

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