Des centaines de milliers de logements vides, dans des villes qui attirent pourtant beaucoup de monde. Le Parisien dévoile ce vendredi 5 novembre 2021, que 400 000 biens immobiliers sont inoccupés en Île-de-France et dans l'Oise, dont plus de 100 000 à Paris. Un gaspillage de place qui énerve les maires des communes concernées, alors qu'une crise du logement prive de nombreux Français d'un toit.
Certains logements sont abandonnés depuis plus de deux ans (on parle de vacance structurelle), tandis que d'autres ne sont vides qu'occasionnellement, souvent en fonction des aléas du marché de l'immobilier. On parle alors de vacance frictionnelle. Selon l'Insee, depuis dix ans, ces vacances courtes ou longues augmentent de plus en plus, et de nombreux biens sont mis hors de portée des acheteurs ou des locataires chaque année. A Paris, ces dix dernières années, on dénombre 7 000 logements vides de plus, soit 108 532 appartements vacants. La grande couronne parisienne souffre beaucoup de cette tendance : le nombre de biens vides a augmenté de 42% depuis 2011.
Selon l'ancien sénateur UDI Jean-Marie Bockel, auteur d'un rapport d'information sur ce sujet, de nombreuses causes peuvent expliquer cette situation. L'homme politique pointe du doigt « le rythme de construction, très élevé mais mal réparti » et « le renforcement constant des droits des locataires qui (…) ont conduit de nombreux bailleurs à retirer purement et simplement leurs biens immobiliers du marché de la location ».
Pour Mathieu Hanotin, maire PS de Saint-Denis, cet abandon des logements est plutôt dû à l'état des maisons et appartements. « L’explication de ces chiffres délirants, ce sont surtout les 19 % d’habitats indignes que compte le parc privé. Il y a beaucoup de logements inoccupés parce qu’ils sont tout simplement inhabitables », assure-t-il dans le Parisien.
Le maire estime également que certains propriétaires peu scrupuleux ne déclarent pas leurs locataires pour éviter les taxes. Une opinion partagée par la mairie de La Courneuve, qui regrette que cette situation soit souvent observée dans 44% des logements de certains quartiers de la ville.
Pour lutter contre cette tendance, le maire PS de Cergy Jean-Paul Jeandon envisage d'« augmenter la taxe sur les logements vacants afin d’encourager les propriétaires à louer leurs biens vides ». L'élu souhaite aussi voir plus de « logements intermédiaires et sociaux » : « le montant des loyers dans le privé, extrêmement chers », regrette-t-il.
Stéphanie Von Euw, maire LR de Pontoise, trouve une autre explication à ce nombre important de logements laissés vides : « Beauvais, Saint-Denis, Melun… et Pontoise ont toutes des taux de vacance importants. Il y a un sujet avec le patrimoine ancien, nous avons tous de vieux centres historiques. Les propriétaires préfèrent ne pas louer plutôt que d’engager des travaux coûteux », juge-t-elle.
En France, selon la Fondation l'Abbé Pierre, 895 000 personnes n'ont pas de domicile personne, et 2,8 millions vivent dans des conditions très difficiles.