Il est le plus grand incinérateur d’Europe. L'incinérateur d'Ivry-Paris XIII est surveillé de très près depuis les révélations de ToxicoWatch. Dans une longue étude commandée par le collectif 3R, cette fondation néerlandaise explique avoir relevé des "concentrations records" de dioxines à proximité de cet incinérateur, qui traite chaque année jusqu'à 700.000 tonnes d’ordures ménagères.
Selon ce rapport, plusieurs analyses ont en effet été « menées sur des œufs de poules élevées en plein air, des arbres (résineux, oliviers) et des mousses dans les communes d'Ivry-sur-Seine, Alfortville, Charenton-le-Pont et Paris », situés non loin de l'incinérateur d'Ivry-Paris XIII. Et les résultats sont inquiétants : les chercheurs y ont retrouvé « des concentrations de dioxines (un polluant organique persistant, ndlr) parmi les plus élevées des études de biosurveillance menées par ToxicoWatch en Europe », selon le collectif 3R.
Suite à cela, l'Agence régionale de Santé (ARS) d'Île-de-France a fait savoir dans un communiqué publié le 12 février qu'elle allait « solliciter l'avis d'experts toxicologiques » à ce sujet. Aussi, l’ARS recommande de ne plus consommer d’œufs issus de poulaillers situés aux abords de l'incinérateur. « Ces éléments conduisent l'agence régionale de santé à préconiser, de façon conservatoire et prudentielle, la non-consommation des œufs et produits animaux issus de poulaillers situés à proximité immédiate de l'incinérateur », a-t-elle expliqué dans ce communiqué. Sont donc concernés par cette vigilance les œufs issus des poulaillers des villes d’Ivry, de Charenton, d’Alfortville, ainsi que des poulaillers des 12e et 13e arrondissements de Paris. L’ARS ajoute que cette recommandation « s’applique également aux fermes et jardins pédagogiques » situés au sud de Paris, mais « pourra être revue au regard de données complémentaires plus stables ».
Dans son rapport, le collectif 3R reconnaît qu'il était toutefois « scientifiquement difficile d'établir avec certitude l'origine de la présence (des dioxines) dans les communes autour de l'incinérateur d'Ivry-Paris XIII ». De son côté, le Syctom, l’organisme qui gère cet incinérateur, n'a pas tardé à réagir en affirmant que « le niveau de corrélation entre l’usine et la présence de ces dioxines reste à établir ».