Les médias français doivent respecter le pluralisme des opinions : dans le domaine de la politique, toutes les voix doivent être représentées. Plus précisément, ces règles stipulent qu'un tiers du temps de parole politique doit être consacré à l'exécutif : le président de la République, le gouvernement et les collaborateurs du président. Les deux tiers restants sont dédiés aux autres acteurs politiques, dont la mise en avant dépend de leur influence.
Cependant, ces règles ne sont pas immuables. En période électorale, pendant les élections présidentielles, de nouveaux barèmes sont imposés par l'Arcom (l'organisme fusionnant le CSA et Hadopi). Ainsi, depuis le 1er janvier 2022, et jusqu'au 27 mars, le principe d'équité est appliqué.
Cette règle est simple : « durant cette période, les diffuseurs veillent à l'équité des temps de parole et des temps d'antenne des candidats et de leurs soutiens. » Ainsi, la parole de chaque candidat est diffusée en fonction de son "poids politique" : Valérie Pécresse ou Emmanuel Macron auront plus de temps d'antenne que Nicolas Dupont-Aignan, par exemple.
Le "poids politique" est calculé en fonction des résultats du dits candidats aux dernières élections, en fonction de sa place dans les sondages...
A partir du 8 mars, la liste officielle des candidats est diffusée par le Conseil constitutionnel. Du 8 au 27 mars donc, le principe d'équité est renforcé : le temps d'antenne doit « être respecté dans des conditions de programmation comparables », en fonction de quatre tranches horaires d'émission.
Du 28 mars au 8 avril, c'est le principe d'égalité qui se met en place. Les médias doivent alors respecter une stricte égalité de temps de parole entre chaque candidat.
L'Arcom surveille rigoureusement les temps de parole et temps d'antenne pendant cette campagne, et peut donner des avertissements ou mettre en demeure les médias qui ne respectent pas les règles.
Le dilemme autour d'Emmanuel Macron.
Comment comptabiliser le temps de parole d'Emmanuel Macron ? L'actuel président de la République s'est déclaré candidat à cette élection le 3 mars dernier. Il est donc lui aussi soumis à la règle du temps de parole. Cependant, en temps de crise, le dirigeant doit aussi pouvoir parler librement aux citoyens, sans calculer chaque seconde utilisée à la télévision ou à la radio. Entre la guerre en Ukraine et la pandémie, Emmanuel Macron a de multiples occasions de s'adresser aux Français.
Comment jongler entre les différents impératifs ? La nuance se joue dans les propos exacts du président. « Depuis la décision du Conseil d'Etat du 8 avril 2009, les propos du président de la République sont comptabilisés s'ils relèvent du débat politique national », explique Anne Grand d'Esnon, membre de l'Arcom, dans Les Echos. Si les interventions d'Emmanuel Macron ne sont pas liées à ses fonctions officielles, si elles servent à défendre son quinquennat ou à se projeter sur le suivant, si elles sont affiliées au débat politique, alors l'Arcom considère que ces propos sont ceux du candidat, et non ceux du président.