C'est une question qui interpelle toujours la communauté scientifique, et qui passionne les citoyens du monde entier : quelles particularités ont ceux qui n'ont jamais attrapé le Covid-19 ? Quelles armes possèdent-ils pour éviter ainsi le virus, deux ans après son apparition, alors que l'on recense 445 millions de contaminations depuis le début de la pandémie dans le monde ?
Les hypothèses sont nombreuses, mais on ne peut, pour le moment, avoir aucune certitude. Ces rescapés du coronavirus respectent-ils mieux les gestes barrière que les autres, ont-ils plus de chance, ont-ils des facteurs génétiques qui les immunisent contre le virus ?
En France, on estime qu'environ la moitié de la population n'a jamais attrapé le virus. Le chiffre exact est impossible à connaître : entre les personnes contaminées mais non-déclarées, les malades asymptomatiques, les faux négatifs, les personnes infectées au tout début de la pandémie... De nombreux malades sont passés sous les radars des autorités de santé.
Cependant, on constate qu'une part non-négligeable de la population n'a, malgré tout, jamais été infectée par le Covid-19. Différentes études avancent des explications possibles à cela.
Janvier 2022, l'Imperial College de Londres publie une étude dans la revue Nature. Ces recherches dévoilent que les anticorps fournis par une contamination à un coronavirus (une famille de maladies infectieuses plus ou moins graves, à laquelle appartient le rhume, par exemple) permettent de développer des défenses suffisantes pour empêcher une infection au Covid-19, et ce, même lorsque l'on vit avec des personnes malades. Ce phénomène se nomme l'immunité croisée.
« Notre étude fournit la preuve la plus claire à ce jour que les cellules T induites par d'autres coronavirus, comme le rhume, jouent un rôle protecteur contre l’infection au SARS-CoV-2 », assure Ajit Lalvani, coauteur de l'étude.
Une deuxième théorie souvent avancée par les chercheurs met en avant le rôle du groupe sanguin dans l'immunité face au Covid. En effet, les personnes du groupe O seraient plus résistantes face au virus. En revanche, elles transmettraient plus facilement la maladie aux autres. Certaines études sur le sujet stipulent même que les personnes du groupe sanguin O, infectées par le Covid, ont plus de chance d'éviter les formes graves de la maladie et elles se rétablissent plus vite.
Covid : les personnes de groupe sanguin O mieux protégées contre le coronavirus, selon une étude
Depuis le début de la pandémie, certaines études estiment que les personnes du groupe sanguin O seraient mieux protégées du Covid. D'après un chercheur français, cela se vérifie en effet, mais le lien n'est pas considérable. [Lire la suite]
Dès le début de la pandémie, de nombreux médecins ont conseillé de faire une cure en vitamine D pour échapper au virus. Une récente étude israélienne, réalisée par l'université Bar Ilan et le Galilee Medical Center, souligne les liens entre l'infection et une carence en vitamines D.
Une mutation génétique pourrait également avantager certains individus dans cette pandémie. Ce cas de figure s'est déjà vu : les chercheurs ont découvert qu'une mutation du gène CCR5 accorde une immunité forte face au VIH, qui ne peut pas entrer dans l'organisme. Les scientifiques cherchent donc une mutation semblable pour lutter contre le Covid-19. Le récepteur ACE2 semble le meilleur candidat dans cette théorie, qui est cependant jugée très improbable par Laurent Abel, professeur à l'Institut Imagine.
Pour le moment, la communauté scientifique n'a trouvé aucune preuve suffisamment forte pour donner une vraie explication. « Tout ne s'explique pas toujours. On peut l'attraper ou pas parce qu'on est à l'instant T plus ou moins en forme avec un système immunitaire plus ou moins efficient. Si vous buvez, si vous fumez par exemple, si vous êtes fatigué... tout cela peut jouer », conclut un infectiologue interrogé par France Inter.