Deux ans de pandémie, cinq vagues épidémiques, de nombreux variants toujours plus contagieux... Et ils résistent toujours face au Covid-19. En France, on estime qu'environ un Français sur deux n'aurait pas été contaminé par le virus - pour le moment. Un exploit de la part de ces "rescapés", alors que d'autres ont été infecté deux, trois fois, voire plus !
Depuis le début de la pandémie, on recense près de 20 millions de cas de Covid. Mais cela ne veut pas dire que 20 millions de personnes ont eu le virus : des cas de réinfection existent. « Cela peut arriver à n'importe qui », pas seulement aux personnes à risque, assure Pierre Tattevin, chef du service des maladies infectieuses et réanimation médicale au CHU de Rennes, au micro de France Bleu.
On compte donc 20 millions de cas avérés... Et un nombre incertain de personnes contaminées, mais non déclarées. Personnes asymptomatiques, faux négatifs, personnes malades en tout début de pandémie ou personnes qui ne se sont pas déclarées pour des raisons personnelles : des milliers de malades sont passés sous les radars des autorités de santé, sans que l'on puisse déterminer leur nombre.
Alors comment savoir combien de personnes ont été contaminées en France ? Selon les méthodes d'estimation utilisées, le nombre de malades varie.
L'Institut Pasteur, par exemple, indique qu'environ un Français sur quatre aurait été infecté, selon une étude parue en avril 2021. Cette étude se base sur des données recueillies notamment pendant la première vague épidémique en France, explique le Parisien.
Pour Mircea T. Sofonea, chercheur à l'université de Montpellier, et son équipe, à la mi-janvier 2022 « entre 40 et 50 % de la population qui a été infectée ». Les scientifiques basent leur estimation sur les données hospitalières. « Au tout début, un décès à l’hôpital voulait dire environ 150 personnes infectées en vie réelle. Là, on est plutôt à 500 voire 1 000 », explique Mircea T. Sofonea.
Y a-t-il un moyen de savoir avec certitude qui a été contaminé ? Pour cela, il faudrait que l'ensemble de la population se soumette à un test sérologique : suite à une contamination, l'organisme produit des anticorps. En faisant une prise de sang, on peut les détecter et obtenir des chiffres de contamination plus précis. Ces chiffres ne seront pour autant pas entièrement sûrs : « Au bout de plusieurs mois, je pense que les personnes qui n’ont pas eu de symptômes n’auront plus d’anticorps anti-N », tempère l'immunologue Stéphane Paul. Ainsi, cette enquête sérologique « donnerait une sous-estimation de la proportion de personnes infectées par le SARS-CoV-2 depuis le début de l’épidémie », confirme l’Institut Pasteur au Parisien.
Un nombre significatif de Français résiste donc toujours au coronavirus, sans que l'on puisse les identifier. Actuellement, les scientifiques ne peuvent toujours pas dire pourquoi certains semblent immunisés contre le virus, même lorsque leur entourage est malade.
Plusieurs hypothèses sont étudiées pour expliquer ce phénomène. Différentes équipes de chercheurs dans le monde planchent sur la question d'une mutation génétique, d'un groupe sanguin accordant une meilleure immunité, de défenses immunitaires renforcées par un rhume ou une précédente contamination...
Les questions posées par ce virus se multiplient, sans trouver de réponses. Pour le moment.