Depuis le début du conflit opposant la Russie à l'Ukraine, le président Volodymyr Zelensky réclame régulièrement à l'OTAN de mettre en place une exclusion aérienne - ou "No fly zone". Cette mesure doit empêcher le survol d'avions russes au-dessus du territoire ukrainien, interdisant ainsi à l'armée russe d'effectuer des bombardements aériens, et de récupérer des informations cruciales en volant au-dessus des zones stratégiques en Ukraine.
Malgré les demandes du président Zelensky, donc, l'OTAN refuse toujours l'exécution de cette mesure. Un refus qui s'est trouvé conforté encore une fois ce samedi 5 mars : Vladimir Poutine a insisté sur le fait que cette exclusion aérienne serait vue comme une déclaration de guerre contre la Russie, pour tout pays qui tenterait d'imposer cette mesure.
Nos confrères du Midi Libre rappellent que l'action d'exclusion aérienne « est prévue dans l'article 42 du chapitre VII de la charte des Nations Unies. Elle prévoit notamment "toute action nécessaire au maintien ou au rétablissement de la paix et de la sécurité internationales". » Ainsi, dans ce cas de figure, et si cette mesure était appliquée, tout avion qui souhaiterait survoler l'Ukraine devrait demander la permission à l'OTAN. Sans cette autorisation, l'avion forçant le passage dans le ciel ukrainien serait immédiatement abattu.
Les conséquences d'un tel acte sont claires, et Vladimir Poutine a suffisamment explicité ses menaces pour empêcher toute décision du côté occidental : les Etats-Unis et les membres de l'OTAN refusent une guerre ouverte contre la Russie. Ils ne répondront donc pas favorablement à la demande du gouvernement ukrainien.
« Cela entraînerait de facto des affrontements directs entre l’OTAN et la Russie, et conduirait inévitablement à une escalade du conflit », confirme Dominique Trinquand, expert militaire et ancien chef de la mission française à l’ONU, dans une interview donnée à l'Express.
« La seule façon de mettre en œuvre une zone d'exclusion aérienne est d'envoyer des avions de chasse de l'OTAN dans l'espace aérien de l'Ukraine, puis d'abattre des avions russes pour la faire respecter. Les Alliés sont convenus que nous ne devrions pas avoir d'avions de l'OTAN opérant dans l'espace aérien ukrainien ou des troupes de l'OTAN au sol, car nous pourrions nous retrouver avec une guerre totale en Europe », prévient Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'OTAN.
En Occident, la crainte d'une guerre frontale contre la Russie paralyse donc l'aide apportée à l'Ukraine, par ailleurs largement soutenue par l'Union européenne et ses alliés. Cependant, ce manque d'action passe mal auprès du gouvernement ukrainien.
« Tous ces gens qui vont mourir à partir d'aujourd'hui vont aussi mourir à cause de vous. C’est un processus d’auto-hypnose pour ceux qui sont faibles, en insécurité intérieure, alors qu’ils ont des armes bien plus puissantes que les nôtres », dénonce amèrement Volodymyr Zelensky.
Des reproches qui ne suffiront pas à effacer la peur d'un conflit nucléaire : la Russie possède la moitié du stock d'armes nucléaires au monde, et son dirigeant a assuré qu'il n'hésiterait pas à se servir de cet arsenal.