Si certains lieux de la capitale se veulent incontournables, d’autres sont beaucoup plus méconnus, mais méritent tout autant d’être découverts. C’est le cas de la Caverne, considérée comme la plus grande ferme urbaine bio de Paris. Mais contrairement à la plupart de ces fermes urbaines installées en extérieur, voire sur les toits d’immeubles, la Caverne a la particularité d’être invisible. Cette ferme urbaine bio atypique est en effet cachée dans un ancien parking souterrain du 18e arrondissement de la capitale.
Un lieu insolite et improbable de Paris que nous avons pu découvrir grâce à la société Interkultur qui propose, une fois par mois, des visites de cette ferme urbaine dissimulée dans les souterrains de la capitale. Le rendez-vous est donc donné à 14h à la sortie du métro Porte de la Chapelle ; un quartier actuellement en pleine mutation à l’approche des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris.
Ce jour-là, nous sommes un petit groupe de 10 personnes, impatients de savoir où se cache très exactement ce parking transformé en ferme urbaine. Une fois tous réunis, nous longeons alors la rue de la Chapelle pendant moins de deux minutes à peine avant de nous retrouver devant une rampe de parking d’un immeuble HLM datant des années 70. Nous l’empruntons.
Vincent, le très sympathique guide qui nous accompagnera tout au long de cette visite, nous raconte alors l’histoire de ce lieu souterrain d’une superficie de près de 10 000 m². Aujourd’hui, alors que la voiture est délaissée par de nombreux Parisiens, qui préfèrent désormais les transports en commun ou le vélo aux véhicules motorisés, de nombreux parkings se retrouvent vacants. C’est le cas de ce parking de la Porte de la Chapelle, squatté pendant un certain temps par des consommateurs de drogue. Mais, en 2017, le lieu est évacué et, suite à un accord avec la Ville de Paris, la Caverne voit alors le jour dans cet ancien parking souterrain sous l’impulsion de la start-up Cycloponics.
Pour mieux comprendre comment fonctionne cette immense ferme urbaine bio de Paris, Vincent nous amène alors plus loin dans ce parking, uniquement éclairé aux néons. Nous filons tout droit au deuxième sous-sol, aujourd’hui entièrement occupé par la Caverne. D’ailleurs, les voitures y sont interdites à ce niveau-là. Seuls les piétons et les cyclo porteurs ont le droit d’y circuler.
Alors que quelques chaises, tables récupérées et multiples cageots sont disséminés à différents endroits du parking, le nom de la Caverne est fièrement suspendu sur l’un des murs sous la forme de lettres néon.
À ce niveau du parking, les anciens boxes de voiture ont été réaménagés et reconvertis en microparcelles agricoles, accueillant des petites entreprises en circuit court. Il y a par exemple Wesh Grow, spécialisée dans la culture de micro-pousses et aromatiques et de fleurs décoratives ou comestibles. Très compliquées à transporter, ces micro-pousses et fleurs sont donc destinées à de nombreux restaurants situés en région parisienne.
Alors qu’il doit avoisiner les 8 °C ce jour-là dans le parking, nous pénétrons alors dans deux salles chauffées. C’est dans cet environnement spécial que les micro-pousses et fleurs sont chouchoutées avant d’arriver à maturité. Dans ce box, où l’humidité atteint près de 75%, les ventilateurs sont bien installés, tout comme les leds luminescentes, essentielles pour reconstituer artificiellement le spectre lumineux du soleil. Cette ambiance surréaliste nous donne par moment l’impression d’être dans un monde futuriste et nous fait totalement oublier que nous nous trouvons en réalité plusieurs mètres sous le bitume parisien, dans un parking souterrain aujourd’hui transformé en ferme urbaine bio.
Autre box, autre culture avec cette fois-ci la start-up Aura et le concept de l’aquaponie. Ici, les racines de plantes sont trempées dans des vasques surplombant de petits aquariums où nagent quelques petits poissons. La technique de l’aquaponie combine ainsi l’élevage de poissons et la culture de plantes. Elle fonctionne alors comme un écosystème construit en circuit fermé.
Concrètement, l’aquaponie utilise des cycles bactériens naturels pour transformer les déchets des poissons en nutriments pour les plantes qui, à leur tour, purifient l’eau. Dans ce box, où l’eau coule en permanence et les plantes sont omniprésentes, nous sommes pris d’un sentiment de bien-être et nous y aurions volontiers prolongé notre visite.
Alors que nous croisons deux chats dans les allées du parking, nous rejoignons l’ultime box dévoilé ce jour-là lors de cette visite. Au programme ? Une expérience olfactive et visuelle unique. Une fois les grandes portes ouvertes, nous découvrons un immense box réaménagé en champignonnière. Ici, la Caverne cultive uniquement des shiitakés, deuxième champignon le plus consommé au monde, et des pleurotes. Et la culture qui se fait ici sur une paille bio en forme d'imposante brique rectangulaire, est florissante, puisque la taille des champignons double de volume en 24h seulement. « Il est donc nécessaire de récolter ces champignons tous les jours », nous explique Vincent.
Quid des champignons de Paris, mondialement connus ? Ceux-ci sont cultivés dans un autre box, impossible à visiter ce jour-là. Mais, comme le souligne Vincent, la Caverne est à l'origine de la réintroduction de la culture du champignon de Paris dans la capitale, alors que celle-ci avait disparu dans les années 30 en raison du développement du métro dans les souterrains parisiens.
Improbable, insoupçonné et incroyablement insolite, la Caverne a réussi son pari de cultiver sous terre des micro-pousses, des fleurs, des herbes aromatiques, des plantes ou encore des champignons, destinés à des restaurants réputés. Mieux, la Caverne, qui se veut éco-responsable et qui dispose de son propre circuit de recyclage, a aussi une dimension sociale en employant aujourd’hui une vingtaine de personnes à temps plein.
Pour les plus intéressés, sachez que la Caverne propose aux particuliers une sélection limitée de produits disponibles grâce à l'application Too Good To Go en cas de surproduction. Et si vous souhaitez découvrir cette visite originale (au tarif de 20 euros) de la plus grande ferme urbaine bio de Paris, alors inscrivez-vous sur le site de Interkultur !
Lieu
La Caverne
26 Rue Raymond Queneau
75018 Paris 18
Site officiel
interkultur.fr