Depuis le début de la crise sanitaire, les français sont préoccupés et se posent de nombreuses questions. Bien sûr, les femmes enceintes et les futurs parents ne sont pas épargnés et doivent faire face à de nombreuses inquiétudes. Comment se déroule l’accouchement ? Y a-t-il un risque de transmission du coronavirus au fœtus pendant la grossesse ? L’allaitement est-il possible ? Comment se passe l’accompagnement des jeunes mamans par les sages-femmes avant et après la naissance ? On fait le point sur ces questions en se basant sur de récentes études et les nouvelles mesures mises en place par le Ministère de la Santé.
Le virus peut-il être transmis au fœtus pendant la grossesse?
Plusieurs études ont été réalisées à ce sujet et les avis divergent. Le HCSP, Haut Conseil de la Santé Publique, a considéré les femmes enceintes comme personnes "à risque" de développer une forme grave d’infection à SARS-CoV-2 (Avis HCSP du 10 mars). A ce jour, les femmes enceintes encourent donc un risque dans la mesure où elles peuvent avoir un accouchement prématuré en cas de fièvre ou de forte toux. De ce fait, elles peuvent d’ailleurs bénéficier d’un arrêt simplifié en tant que personnes "à risque". Mais compte-tenu des connaissances actuelles, « il n’y a pas d’arguments sur une transmission verticale du virus » (pas de virémie placentaire, ni dans le sang de cordon).
Toutefois, selon une récente étude chinoise, la transmission pendant la grossesse est rare mais possible. Après avoir étudié le cas de 33 femmes enceintes, originaires de la ville de Wuhan, ces chercheurs ont découvert que trois bébés avaient été testés positifs au Covid-19 à leur naissance, soit un taux de 9 %.
« Parce que des procédures strictes de contrôle et de prévention de l’infection avaient été prises pendant l’accouchement, il est probable que les souches de SARS-CoV-2 dans l’appareil respiratoire supérieur et l’anus des nouveaux-nés étaient d’origine maternelle », ont tenu à préciser ces chercheurs chinois.
Toujours selon cette étude, les trois bébés infectés par le coronavirus étaient tous des garçons. Ils sont également nés par césarienne car leurs mères souffraient d’une pneumonie due au coronavirus. Aujourd’hui, ils sont sains et saufs mais l'un d'entre eux, né prématuré après 31 semaines de grossesse, a dû être réanimé.
Ces chercheurs chinois estiment que la transmission peut se faire par le placenta ou lors de l’accouchement. Face à ce constat, ils recommandent donc de tester toutes les femmes enceintes et de mettre en place des mesures de surveillance rapprochée des nouveaux-nés.
Les centres de procréation médicale assistée (PMA) ont d'ailleurs décidé, par mesure de précaution, de suspendre temporairement leurs activités le temps de cette crise sanitaire. De son côté, l'Agence de biomédecine recommande le report de ces activités d’AMP pour les prises en charge qui n’ont pas encore été débutées.
Le second parent peut-il assister à l’accouchement ?
Si les visites de proches sont interdites dans les maternités depuis le début du confinement, qu’en est-il du second parent ?
Plusieurs maternités ont choisi d’interdire la présence d’un accompagnant en salle d’accouchement par mesure de précaution. Or, selon l’OMS, l’Organisation mondiale de la Santé, la femme qui accouche doit être accompagnée par la personne de son choix.
Malheureusement, les mesures mises en place ne sont pas les mêmes selon les moyens et le personnel de chaque maternité. Une source de stress supplémentaire pour les futurs parents.
Alors pour y voir plus clair face à ces règles souvent contradictoires, Adrien Taquet, secrétaire d’Etat auprès du ministre des solidarités et de la santé, a rappelé que le déroulé de l’accouchement dans des conditions sereines favorise le bien-être de la mère pendant la période du post-partum. Il a donc dévoilé ses recommandations médicales permettant aux mères d’être accompagnées pendant l’accouchement.
La présence du/de la conjoint(e) est bien possible lors de l’accouchement, mais sous certaines conditions développées par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). « Il est ainsi recommandé d’accepter l’accompagnant en salle de naissance à partir de la phase active de travail, sans possibilité de va et vient. Les gestes barrière sont reprécisés à l’entrée de la salle de travail. Ces mesures doivent être adaptées aux réalités locales. »
Il est aussi précisé que les accompagnements ne sont pas autorisés dans le service d’hospitalisation ni en salle de césarienne, si celle-ci est nécessaire.
Y a-t-il une continuité du suivi des femmes enceintes et des mères par les sages-femmes ?
Adrien Taquet a également tenu à annoncer, toujours selon ce communiqué publié le 31 mars, des mesures « permettant la continuité du suivi des femmes enceintes et des mères par les sages-femmes par le biais de la télémédecine, afin de s’adapter à la période épidémique actuelle ». Un accompagnement jugé indispensable.
Le ministre dévoile donc les trois actes que les sages-femmes ont la possibilité de pratiquer à distance :
Ces consultations à distance sont prises en charge à 100% par l’assurance maladie afin de lever toutes difficultés financières pour les patientes et simplifier les contraintes administratives des professionnels de santé en cette période.
Est-il possible d’allaiter ?
Selon la Haute Autorité de la Santé, « les études montrent que le génome viral n’est pas révélé dans le lait maternel de mères infectées au COVID-19. L’allaitement ne semble donc pas contre-indiqué. Une mère confirmée atteinte du COVID-19 ou qui est suspecte symptomatique doit prendre toutes les précautions possibles pour éviter de transmettre le virus à son nourrisson : lavage des mains avant de toucher le nourrisson, port d’un masque facial, et si possible, pendant l'allaitement. Si la mère tire son lait avec un tire-lait manuel ou électrique, elle doit se laver les mains avant de toucher les pièces du tire-lait ou du biberon et suivre les recommandations pour un nettoyage correct du tire-lait après chaque utilisation. Si possible, le lait exprimé devra être donné par une personne non malade.»
De son côté, l’Académie nationale de Médecine recommande, via un communiqué publié le 30 mars 2020, « le maintien, avec les précautions requises, de l’allaitement maternel qui, outre les avantages nutritionnels et immunitaires, entretient et développe la précieuse relation mère enfant établie durant la grossesse, les données scientifiques actuelles excluant le passage du virus dans le lait maternel ».
Enfin, le CRAT, le Centre de Référence sur les Agents Tératogènes, est aussi du même avis. « Chez 9 femmes infectées, une recherche du virus SARS-CoV-2 a été effectuée dans le lait maternel. Tous les tests sont revenus négatifs. Pendant l’allaitement, le risque de contamination d’un enfant semble essentiellement résider dans la promiscuité avec une mère infectée non protégée. »