Quand l’immunité collective sera-t-elle atteinte en Europe ? C’est la question que beaucoup se posent, alors que la campagne de vaccination se poursuit dans de nombreux pays. Si le Royaume-Uni a déjà vacciné 27.630.970 de ses habitants, soit 41.46% de sa population, d’autres pays suivent le pas, comme la Finlande, le Danemark, l’Estonie, l’Autriche ou encore la Grèce et la République tchèque. De son côté, la France a vacciné, en date du 22 mars 2021, 5.630.671 de ses habitants, soit 8.4% de sa population.
Vaccination dans le monde le Mercredi 18 décembre 2024 : pourcentage de population vaccinée par pays
Alors que de nombreux pays ont débuté leur campagne de vaccination contre le coronavirus fin 2020, quel est le pourcentage de personnes vaccinées par rapport au nombre total d'habitants pour chaque pays ? Sortiraparis dresse un bilan quotidien de l'état de la vaccination dans le monde. Par ici pour découvrir où on en est ce Mercredi 18 décembre 2024. [Lire la suite]
Mais selon Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, l’immunité collective pourrait être atteinte en Europe d’ici le 14 juillet. C’est ce qu’il a indiqué ce 21 mars sur TF1. Pour appuyer de tels propos, Thierry Breton se base sur l’arrivée de nouvelles doses de vaccins. "Aujourd’hui, nous avons clairement entre nos mains la capacité de livrer 300 à 350 millions de doses d’ici la fin du mois de juin et donc d’ici le 14 juillet […] nous avons la possibilité d’atteindre une immunité au niveau du continent." a-t-il déclaré. "On n’aura absolument pas besoin de Spoutnik V […] pas d’autres vaccins non plus", a ajouté Thierry Breton, avant de préciser : "Il faut maintenant que ceux qui sont là soient produits en masse et administrés en masse."
Des scientifiques et experts sceptiques
Sauf que pour certains experts et médecins spécialistes de l'immunité collective, cet horizon reste bien incertain ; au moins d'un point de vue scientifique. "C'est peut-être un peu optimiste", souffle à L'Express le professeur Didier Pittet, médecin infectiologue et épidémiologiste aux Hôpitaux universitaires de Genève. Et pour cause : ce dernier rappelle que la très large majorité des vaccins anti-Covid actuellement sur le marché nécessitent l'injection de deux doses, avec intervalle de temps. Et que la protection maximale n'arrive que deux semaines après l'injection de la seconde dose. Le vaccin Johnson & Johnson reste une exception ; surtout il ne représente qu'une infime partie des approvisionnements sur le sol européen.
D'ailleurs, le médecin n'est pas le seul à considérer cette date du 14 juillet comme une douce illusion. Pour le professeur Renaux Piarroux, épidémiologiste et chef du service de parasitologie à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, explique à L'Express qu'"atteindre cette immunité collective suppose de réussir à protéger au minimum 80% de la population soit 340 millions de personnes en Europe si on ne compte pas les enfants en bas âge qui transmettent peu", explique le médecin, lui aussi sceptique. Surtout, il rappelle que les vaccins ne sont pas efficaces à 100%, ce qui rajoute des doutes. "Nous sommes plutôt autour de 90%, un taux qui reste toutefois à confirmer sur le variant anglais", souligne l'expert.
Selon le professeur Antoine Flahault, directeur de l'institut de santé globale à Genève, "le pari sur l'immunité collective est un pari risqué". Si l'on souhaite vraiment se débarrasser une bonne fois pour toutes de l'épidémie, "il serait sans doute plus prudent de ne pas tout miser sur les vaccins, et d'accompagner les campagnes de vaccination d'un plan de réduction de la circulation du virus sur le territoire européen". Aussi, une autre experte, l'épidémiologiste Dominique Costagliola, soutient la même hypothèse. "Enfin, indépendamment de ces différentes considérations, je ne vois pas comment on pourrait avoir vacciné 53 millions de Français d'ici au 14 juillet", déplore-t-elle. Pendant ce temps, le gouvernement accélère sur la campagne de vaccination, avec l'installation à grande échelle de centres de vaccination dans tout le pays.