Covid en Île-de-France : "l'épidémie s'emballe", les soignants inquiets face à la troisième vague

Par · Publié le 9 avril 2021 à 12h59
Depuis plusieurs semaines, les médecins et professionnels de santé alertent sur l'arrivée imminente d'une troisième vague de l'épidémie du Covid-19, plus particulièrement en Île-de-France, région la plus touchée. Alors que la population respecte un nouveau confinement, les services hospitaliers saturent et le taux d'incidence continue de grimper sans cesse. Les soignants estiment qu'on est pas loin du "point de rupture".

"À ce rythme-là, on va droit dans le mur". Voilà le constat déploré dans Le Parisien ce mardi 23 mars 2021 par Jean-François Timsit, chef du service de réanimation de l'hôpital Bichat (AP-HP), situé dans le nord de Paris. Avant tout, le médecin souhaite tirer la sonnette d'alarme sur la situation de l'épidémie du Covid-19 en Île-de-France : avec un taux d'incidence en hausse constante et un afflux perpétuel de malades Covid-19 dans les services hospitaliers, "l'épidémie s'emballe, tous les indicateurs progressent de façon violente", constate au Monde Aurélien Rousseau, directeur de l'Agence régionale de Santé (ARS). 

Jeudi dernier, le gouvernement annonçait un durcissement des restrictions sanitaires prenant l'allure d'un troisième confinement en Île-de-France, avec des "mesures de freinage supplémentaires" pour contrer l'épidémie. Une décision intervenue plusieurs semaines après le début de l'aggravation des marqueurs de l'épidémie dans la région capitale et dans les autres départements concernés

Dans le détail, la flambée épidémique est bien réelle : le taux d'incidence atteint en moyenne 549 cas pour 100 000 habitants en Île-de-France, ce mardi 23 mars 2021. Il y a deux semaines, ce même taux était à 350 -et déjà proche du seuil d'alerte renforcée. Pire encore, en Seine-Saint-Denis, le département le plus gravement touché par l'épidémie en France, ce taux d'incidence décolle à 683 cas. 

Services hospitaliers saturés

Du côté des services hospitaliers, les soignants commencent à subir les contrecoups d'une telle flambée épidémique constatée depuis plusieurs semaines. Le directeur de l'ARS abonde en ce sens : après avoir demandé la déprogrammation de 40% des interventions et des soins n'ayant rien à voir avec la Covid-19, ce dernier estime que "il faudra peut-être aller plus loin, et déprogrammer davantage encore d'opérations, mais cela pose de gros problèmes". À cette heure, 1325 patients Covids atteints de formes graves sont hospitalisés dans les unités de soins critiques de la région. Les hôpitaux de Paris attendent dans les prochains jours à un afflux d'au moins 1530 malades du Covid-19

De quoi forcément accroitre l'inquiétude des soignants, qui voient se profiler en ce moment un scénario similaire à celui observé à l'automne dernier lors de la deuxième vague de l'épidémie. "On n'est pas actuellement au point de rupture, mais on s'en est beaucoup rapproché. On a l'impression qu'il n'est pas loin" témoigne Nicolas Roche, chef du service de pneumologie de l'hôpital Cochin AP-HP, devant les caméras de BFMTV. "On a des paliers qui sont anticipés et vont monter encore un peu. Mais l'élastique se tend de plus en plus", souffle le médecin. Même inquiétude massive pour Jean-François Timsit, très pessimiste. "Il est possible que l'on soit obligé de mettre des malades dans le couloir ou de doubler les chambres, même pour les situations les plus graves", explique-t-il. Pour l'heure, le gouvernement n'a pas précisé de nouvelles restrictions. 

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