Ils avaient fermé une première fois lors du confinement de mars 2020. Ils ont pu rouvrir en mai, avant de devoir à nouveau fermer leurs portes à la fin du mois d'octobre 2020. Depuis, les zoos n'ont pas repris leurs activités. Une situation qui commence à devenir invivable pour eux, et qui relève même d'un "non-sens". Les parcs zoologiques demandent aujourd'hui au gouvernement une réouverture rapide des sites de plein air.
Les appels et les coups de colère se multiplient. Les directeurs des zoos de France se sentent oubliés par le gouvernement et demandent tous des mesures rapides pour organiser leur réouverture.
C'est pour sauver leur secteur que Pierre Thivillon, le créateur de l’espace zoologique de Saint-Martin La Plaine, dans la Loire, appelle ses confrères à se mobiliser et à soutenir sa lettre ouverte adressée à Jean Castex et son gouvernement, publiée sur Facebook. « L'union fait la force, écrit-il. On a beaucoup entendu parler des restaurateurs, des coiffeurs, de la culture. Quand on ferme un musée, les toiles et les sculptures vont rester là où elles sont. Une fois que le chauffage est coupé et la lumière éteinte, cela ne coûte plus rien. Tandis que nous travaillons avec du vivant pour 5 000 euros de dépenses quotidiennes avec 35 de nos 40 salariés en activité. Je me suis disputé avec une coiffeuse l'autre jour en lui disant que c'était triste, mais qu'elle pouvait arrêter le sèche-cheveux et s'en aller. Nous, on ne peut pas ! »
Pierre Thivillon explique à nos confrères de 20 Minutes qu'il s'est senti révolté après avoir lu plusieurs articles scientifiques. « Seulement 5 % des contaminations se font en extérieur. On a attendu un an pour avoir cette étude. Maintenant que nous en avons connaissance, pourquoi sommes-nous encore fermés ? Les gens seraient bien mieux dans nos parcs plutôt qu’entassés dans les villes, dans les grandes surfaces ou dans les transports. »
Il ajoute que l'absence de visiteurs - et donc de rentrées d'argent - met en danger les animaux enfermés dans les parcs zoologiques. « La situation actuelle met en danger l’avenir des espèces que nous protégeons et met un coup d’arrêt à notre rôle d’éducation à la protection de la biodiversité, aujourd’hui plus indispensable que jamais », s'inquiète-t-il.
Il appelle donc tous les employés et les dirigeants de zoos à se mobiliser pour faire entendre leur voix. « Nous n’avons aucune visibilité, on ne sait pas de quoi demain sera fait. Si encore nous avions une date de réouverture, nous pourrions prévoir la trésorerie, nous organiser, mais là on ne sait rien. Les règles et consignes changent chaque jour. Pour toutes ces raisons, il est grand temps de se manifester », insiste Pierre Thivillon.
Son appel n'a pas laissé ses collègues insensibles. D'autres directeurs de zoos expriment leur colère et leur frustration. Dans les colonnes de Ouest France, c'est Sébastien Laurent, directeur du Zoo de La Boissière-du-Doré, près de Nantes, qui s'insurge.
« On propose une activité d’extérieur ! C’est hallucinant de s’entêter à traiter les activités comme les nôtres de cette manière ! Les jardins publics de Nantes sont ouverts et c’est bondé. Au jardin des plantes, on n’a qu’un panneau Covid derrière une grille, sans gel hydroalcoolique, sans surveillance, avec une mini-ferme ouverte. Tout le monde circule sans consigne particulière ! On marche franchement sur la tête », s'énerve-t-il.
Il rappelle que durant l'été 2020, le parc zoologique de 20 hectares n'avait eu aucun problème à faire respecter le protocole sanitaire. Il argumente par ailleurs que la taille du site permet de faire circuler des visiteurs sans risque. « Si on considère qu’il faut 4 m² par personne, ça nous donne un potentiel de plus de 5 250 personnes. Nos journées les plus fortes, on accueille 2 800 personnes maximum ».
Sébastien Laurent réclame donc une réaction rapide du gouvernement, d'autant plus que la situation financière de son zoo n'est pas au beau fixe. « On pensait avoir des nouvelles positives fin février. Mais rien ! On pourra tenir jusqu’à fin mars. Après, il faut absolument qu’on rouvre en avril, sinon on aura besoin de nouveaux prêts », affirme le directeur.