L'immunité collective contre la Covid, un objectif qui sera difficile à atteindre pour le gouvernement. Et pour cause : selon un sondage Odoxa pour Le Figaro et France Info, seuls 55% des 18-24 ans et 58 % des 25-34 ans ont l'intention de se faire vacciner le moment venu. Un pourcentage insuffisant pour atteindre les objectifs fixés par les scientifiques de l'Institut Pasteur, évaluant à 90 % le pourcentage de personne devant être vaccinée pour atteindre cette immunité. Un pourcentage qui contraste avec les plus de 65 ans qui, toujours selon ce sondage, sont 77% à s'être fait vacciner ou ont prévu de le faire.
"Je repousse au maximum le moment de faire le vaccin. Je n'ai pas confiance et puis je ne me sens pas à risque par rapport au Covid-19...", explique ainsi Fabien, un Lyonnais de 30 ans, à nos confrères du Figaro. Car ce sont bien là les raisons de la défiance des jeunes générations envers le vaccin : l'influence des thèses complotistes pullulant sur les réseaux sociaux et ce sentiment d'invincibilité éprouvé par cette tranche d'âge.
Un sentiment d'invincibilité qu'explique Antoine Flahault, professeur de Santé publique à l'université de Genève : "C'est logique. Les jeunes ont l'impression qu'ils ne risquent pas grand-chose à cause du discours qui cible les personnes âgées depuis le début", indique-t-il. Et de poursuivre : "Les pouvoirs publics n'ont pas encore pris la mesure de ce problème, car ils sont encore dans une logique de pénurie de vaccins. C'est pourtant assez urgent". "Se sentir fort contre vents et marées est consubstantiel à la jeunesse", explique de son côté Agnès Firmin-Le Bodo, députée de Seine-Maritime. Elle continue : "Beaucoup de ceux qui ont déjà attrapé le Covid-19 se pensent protégés... à tort".
Concernant les thèses complotistes, c'est une étude de la Fondation Jean Jaurès, en collaboration avec Conspiracy Watch, réalisée par l'IFOP et publiée en novembre, qui vient donner une explication sur cette défiance. Et pour cause : la tranche d'âge de 18-34 ans s'informe principalement sur les réseaux sociaux, à 47 %, et semble y être plus sensible. Mais une autre raison peut également expliquer cette défiance : "Il y a toujours une surmortalité dans les pays où la vaccination est très avancée, il y a eu des clusters dans des Ehpad, là où pourtant tout le monde est vacciné... Si c'est pour continuer à porter le masque et subir des confinements, à quoi ça sert ?", explique Fabien au Figaro. Efficacité du vaccin et politique sanitaire en place pourraient donc avoir raison de la volonté des jeunes.
L'exécutif a donc tout intérêt à sensibiliser les jeunes à la vaccination : "Si l'on veut réduire la circulation du virus dans le pays, il faut bien prendre en compte que les jeunes sont un réservoir majeur de transmission du Covid-19", précise Antoine Flahault. Et de poursuivre : "Il faut que les pouvoirs publics se lancent dans une campagne de promotion très active du vaccin à destination des jeunes. Si l'on veut qu'il y ait une fluidité dans la vaccination, ça se prépare".
Mais tout n'est pas perdu pour autant : "Je crois beaucoup à la solidarité familiale et à la volonté de la jeunesse de protéger les plus anciens. On l'a vu avec la ruée sur les tests PCR avant Noël", souligne l'élue. Seul argument qui semble fonctionner pour le moment : la promesse d'un retour à la vie normale plus rapidement. "Si c'est seul moyen pour retrouver les salles de concert...", explique Thomas, un Toulousain de 31 ans, à nos confrères du Figaro. Peut-être, encore, le meilleur moyen d'atteindre l'immunité.