La France va-t-elle éviter une cinquième vague de Covid ? L'Institut Pasteur expliquait, dans une étude publiée lundi 6 septembre 2021, à travers une modélisation utilisant les dernières données autour du variant Delta, qu'une nouvelle vague épidémique serait plus difficile à endiguer, malgré le fort taux de vaccination. Et de préciser que face à cette souche du virus, la vaccination ne suffira pas, le virus étant plus contagieux et résistant, en partie, aux vaccins.
La raison ? Le taux de reproduction du virus, estimé par les chercheurs à 4 en juin dernier, et revu à la hausse par l'Institut Pasteur, à hauteur de 5. Avec ce taux, il faudrait ainsi que 95% de la population de plus de 60 ans soient totalement vaccinés, que 90% des 19-59 ans le soient également, tout comme les 12-19 ans, à hauteur de 70%. Des pourcentages qui sont loin d'être atteints pour certaines tranches d'âge.
Mais depuis, la situation semble avoir évolué... À tel point que les épidémiologistes semblent désormais plus optimistes. C'est le cas par exemple de Renaud Piarroux, chef du service de parasitologie à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, en partant du constat des contaminations dans les écoles : "Cela fait maintenant un mois que la rentrée est passée. Le Covid-19 s'est effectivement transmis entre les enfants. Mais pas tant que ça finalement. Les contaminations baissent même chez les moins de 10 ans, qui ne sont pourtant pas vaccinés", a-t-il ainsi expliqué à nos confrères de Franceinfo.
La raison de cet optimisme : une baisse conséquente du nombre de cas de contaminations ces dernières semaines et un fort taux de vaccination au sein de la population adulte, à 88% de premières doses pour les plus de 18 ans selon les derniers chiffres de Santé Publique France, et à 86% concernant les deuxièmes doses. "L'immunité de la population est plutôt bonne", ajoute également Renaud Piarroux. Mais la vigilance reste de mise : "L'enjeu désormais, c'est de maintenir cette immunité", explique-t-il.
Même constat pour Mircea Sofonea, épidémiologiste et chercheur à l'université de Montpellier : "L'épidémie est en décroissance avec un nombre de reproductions entre 0,8 et 0,9. Autrement dit, 10 personnes en contaminent moins de 9. Le virus continue donc de circuler, mais nous sommes dans une situation favorable. L'an dernier à la même période, le nombre de reproductions se situait entre 1,1 et 1,3, en début de deuxième vague, ce qui n'est pas le cas actuellement", indique-t-il de son côté, toujours à nos confrères de Franceinfo.
Et de poursuivre en expliquant que cet automne, "Il est tout à fait possible que les courbes stagnent, voire qu'elles repartent à la hausse dans les prochaines semaines, à la faveur du retour du froid et des jours plus courts. Mais le changement de régime ne se fera pas du jour au lendemain". Il conclut : "Pour que la situation s'inverse, il faudrait un nouveau variant ou qu'il y ait un changement brutal dans l'application des gestes barrières. Or, dans l'état actuel des connaissances, il n'y a pas de variant menaçant en train de remplacer le Delta et nous ne sommes pas non plus dans une optique de relâchement généralisé des mesures sanitaires".
De son côté, François Balloux, professeur à l'University College de Londres, explique chez nos confrères de LCI qu'il y aura très certainement "des flambées épidémiques dans les prochains mois et années, mais je ne m'attends pas à des vagues comparables à celles que nous avons vécues ces 18 derniers mois". Et à Mircea Sofonea de préciser que c'est "ce qu'on est en train d'observer, c'est une transition d'un régime de vagues vers un régime de circulation plus tamponné, avec de moins fortes amplitudes".
Quid de l'arrivée de l'automne et des températures plus froides, favorisant la circulation du virus ? "Comme l'année dernière, le virus va se remettre à circuler. Les gens vont être un peu plus en intérieur et à ce moment-là, on va assister à une nouvelle poussée", alertait déjà de son côté Arnaud Fontanet, épidémiologiste et professeur à l'Institut Pasteur, toujours chez nos confrères de LCI. "Avec l'arrivée des premiers froids, le taux de transmission et le nombre de cas risquent de remonter. Si l'on a affaire à une cinquième vague, elle sera plus modeste et moins intense que les précédentes. Mais les personnes vulnérables non protégées feront les frais de cette résurgence", alerte également l'épidémiologiste Yves Buisson, président de la cellule de veille scientifique Covid-19 de l'Académie nationale de médecine chez nos confrères de L'Express.
À noter que les chercheurs ont rappelé que, même vaccinés, les Français devaient donc "continuer à respecter les gestes barrières" et à porter le masque, pour réduire les risques de contamination.