Lors de son allocution très attendue du 9 novembre 2021, Emmanuel Macron a abordé, aux côtés des questions concernant la situation sanitaire en France à l'heure de la cinquième vague mais également la reprise économique du pays, l'épineuse question de la réforme des retraites.
Au vu de la situation sanitaire en cours en France depuis mars 2020, le Président de la République a ainsi annoncé qu'il n'y aurait pas de réforme des retraites avant 2022. Il déclare : "Le 12 juillet dernier (la dernière allocution présidentielle en date avant celle de ce soir, NDLR), j'avais évoqué devant vous la nécessaire réforme des retraites. La situation sanitaire que nous vivons et qui est en train de se dégrader partout en Europe, le souhait unanime exprimé par les organisations syndicales et professionnelles de concentrer les efforts sur la reprise, le besoin de concorde dans ce moment que vit notre Nation, font que les conditions ne sont pas réunies pour relancer aujourd'hui ce chantier. Pour autant, notre volonté de sauver notre modèle par répartition et d'en corriger les inégalités n'a pas changé."
Et de poursuivre : "Ce 1er novembre, la retraite minimale pour les agriculteurs qui est attendue depuis si longtemps est entrée en vigueur. Et dès 2022, il faudra, pour préserver les pensions de nos retraités et la solidarité entre les générations, prendre des décisions claires. Elles feront légitimement l'objet de débats démocratiques indispensables. Et elles devront suivre des principes simples : travailler plus longtemps en repoussant l'âge légal, aller vers un système plus juste en supprimant les régimes spéciaux, en harmonisant les règles entre public et privé, et en faisant en sorte qu'au terme d'une carrière complète, aucune pension ne puisse être inférieur à 1000€. Aller enfin vers plus de liberté pour permettre de partir en retraite plus rapidement, accumuler des droits plus rapidement pour celles et ceux qui le souhaitent, encourager le travail au-delà de l'âge légal pour celles et ceux qui en ont envie. La retraite ne doit ni une contrainte ni une angoisse, mais un choix plus libre, plus simple, plus lisible."
Pour rappel, la réforme de l'assurance-chômage et des retraites sont les deux prochaines échéances importantes du quinquennat. Depuis début septembre, le chantier de la réforme des retraites semblait se remettre doucement en marche, même si Jean Castex avait rappelé lors d'un déplacement, le 6 septembre dernier, qu'aucun changement social majeur ne serait lancé avant que la pandémie ne soit totalement maîtrisée. "Le président de la République a été très clair, il a indiqué que la réforme des retraites n’interviendrait pas tant que la situation sanitaire n’était pas largement maîtrisée et que la reprise économique n’était pas suffisante. Aujourd’hui, la crise sanitaire n’est pas encore complètement sous contrôle et la reprise mérite encore d’être affermie" avait tranché le Premier ministre.
Pour autant, Emmanuel Macron n'entend pas abandonner ce projet majeur de son quinquennat, bien qu'aucun calendrier de travail n'ait été dévoilé. Dans les faits, le gouvernement pourrait pousser dans un premier temps la suppression des régimes spéciaux et la mise en place d'une pension minimum de 1 000 euros. Puis, dans un second temps, le texte de loi sera complété par une réforme du recul de l'âge de départ à la retraite et le passage à un système à points. La question est de savoir si ces changements seront adoptés avant ou après les élections présidentielles de mai 2022.
Les Français se sont montrés majoritairement opposés à cette réforme. Parlementaires, ministres et élus de la majorité estiment que le gouvernement devrait prendre le temps de préparer ce texte de loi et de l'expliquer en détail à la population, quitte à attendre le prochain mandat présidentiel pour le présenter au Parlement. Au gouvernement, on répète que rien n'est décidé, et que le dossier de la réforme des retraites et de l'assurance-maladie reste pour l'instant dans les cartons.