La barre des 300 000 cas de contamination au Covid-19 quotidiens est régulièrement frôlée, voire dépassée ces dernières semaines en France. La situation en Europe n'est pas beaucoup plus encourageante : selon les prédictions de l'OMS, 50% des Européens seront contaminés par Omicron d'ici deux à trois mois. Ce variant extrêmement contagieux n'a pourtant pas poussé le gouvernement français à prendre des mesures très restrictives, contrairement à ses voisins européens.
Pas de confinement, pas de couvre-feu ou d'écoles fermées : une liberté qui a pu sembler suspecte à certains observateurs. Sur le plateau de France Info, mercredi 12 janvier, Olivier Véran a défendu les décisions de son gouvernement. « On ne cherche pas à laisser circuler ce variant. [...] Maintenant, il est tellement contagieux que oui, il circule. »
Laissez circuler le variant Omicron, est-ce une option envisageable ? D'après France Télévisions, certains scientifiques estiment qu'en laissant le variant contaminer un grand nombre de Français, nous pourrions atteindre plus rapidement l'immunité collective, poussant ainsi la pandémie vers son terme. Le fait qu'Omicron provoque moins de formes graves que ses prédécesseurs jouerait également en la faveur de cette théorie.
Yves Buisson, épidémiologiste et président de la cellule Covid de l'Académie nationale de médecine, explique : « Omicron améliore la protection face au virus, la rend plus solide et plus durable. Il déclenche une protection des muqueuses au niveau des voies respiratoires, du nez, de la gorge, de la bouche. Les vaccins stimulent les anticorps, mais le virus a le temps de se multiplier dans les voies aériennes supérieures. Si on a une protection de la muqueuse en plus, c'est beaucoup mieux. »
Marco Cavaleri, chef de la stratégie vaccinale de l'EMA, serait également en faveur de la libre circulation du virus. « Avec l'augmentation de l'immunité dans la population, et avec Omicron, il y aura beaucoup d'immunité naturelle en plus de la vaccination. Nous avancerons rapidement vers un scénario qui sera plus proche de l'endémicité », argumente l'expert.
Ce scénario ne convainc cependant pas tout le monde. Si Omicron paraît moins dangereux que les formes précédentes du Covid-19, il n'en reste pas moins un virus difficilement contrôlable, qui fait toujours de nombreuses victimes chaque jour. « On n'est pas à l'abri d'une bonne surprise, mais ce n'est pas encore un virus banalisé comme le rhume. Il ne faut pas tirer trop vite des conclusions. Omicron, ça ne fait même pas deux mois qu'il est là. On ne connaît pas encore ses conséquences à moyen terme. Cela invite à la plus grande vigilance et prudence avant de le laisser circuler librement. On ne peut pas prendre des paris sur des choses comme ça », tempère Mahmoud Zureik, professeur de santé publique et d'épidémiologie à l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines sur France Info.
Yves Buisson reconnaît que cette hypothèse, c'est comme « jouer avec le feu. » Si Omicron tue moins, il envoie toujours de nombreux malades à l'hôpital : les taux d'occupation des lits de réanimation dépassent les 50% dans toutes les régions. Dans certaines, comme en Corse et en Provence-Alpes-Côtes d'Azur, on est même à plus de 100%. Laisser circuler le virus reviendrait à faire pendre une épée de Damoclès au-dessus de la tête des services hospitaliers du pays. Les personnes vulnérables seraient également bien plus exposées au virus, augmentant les risques de contamination et de décès.
Les risques sont donc trop grands pour suivre la piste évoquée par ces experts. La prudence est toujours de mise, tant que plus de 90% de la population ne sera pas vaccinée. « Si toute la population était vaccinée puis contaminée par Omicron, on pourrait envisager une sortie de crise. » En attendant, « il faut maintenir les mesures barrières. On ne peut pas empêcher Omicron de se disséminer, mais il ne faut pas lui faciliter le travail », conclut Yves Buisson.
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