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· Publié le 10 octobre 2008 à 12h33
Le 104 rue d'Aubervilliers (XIXe arrondissement), transformé en établissement artistique de la ville de Paris qui ouvre ses portes samedi 11 octobre, est un lieu chargé d'histoire, qui a abrité les pompes funèbres municipales de 1873 à 1997, année de départ du dernier employé.
Construit dans un quartier populaire à l'emplacement de l'ancien abattoir de la Villette par les architectes Delebarre et Godon, dirigés par Baltard, cet immense ensemble de bâtiments de brique, pierre et fer est recouvert d'une verrière typique de l'architecture industrielle du XIXe siècle.
"L'usine à deuil" comme on l'appelait, organisait le passage de la vie à la mort dans Paris, souligne Bertrand Delanoë dans la préface de "Paris, dernier voyage" de Bruno Bertherat et Christian Chevandier (Editions La Découverte).
Les cercueils y étaient fabriqués, les corbillards aménagés, les cortèges préparés et les funérailles ordonnancées. Les pompes funèbres, devenues municipales en 1905 (séparation de l'Eglise et de l'Etat) ont vu partir jusqu'à 27.000 corbillards chaque année, d'abord tirés par des chevaux comme en témoignent les anciennes écuries, puis automobiles. Les convois hippomobiles disparaissent en 1936.
A la veille de la première guerre mondiale, le personnel comportait un millier d'agents (palefreniers, menuisiers, brodeuses...). Les effectifs tombent à moins de 800 à la fin des années soixante.
Sous l'Occupation, les corps des fusillés du Mont Valérien y ont transité de même qu'à la Libération, ceux de déportés morts en camps de concentration et rapatriés
Les pompes funèbres municipales n'occupent plus le bâtiment depuis 1997, le monopole communal sur les obsèques prenant fin en 1998.
Le maire du XIXe Roger Madec (PS) a fait inscrire le 104 à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques.