Du 15 octobre au 15 novembre 2008, Brian-Elliott Rowe, directeur de la Galerie BE-Espace (57, rue Amelot, Paris 11e), s'aventure sur les traces picturales de Nadée, à la découverte de territoires chromatiques méconnus.
Sur la route de soi, Nadée nous emmène avec elle. Découvrir le monde à travers sa vision, pour mieux revenir de cet ailleurs. Comme des peintures rupestres à ciel ouvert, ses toiles tissent le lien d'une mémoire vers une contemporanéité intemporelle. Pigments naturels, matières organiques : l'aspect semble rugueux. Toiles de jute, balayées d'un jet de sable : les scènes apparaissent sous le vent. La composition est rigoureuse. Les strates s'enchaînent, verticales, et insufflent un rythme ponctué de notes de couleurs et de blancs radieux. Les tonalités chaudes - variations d'ocres, bruns ou roses - sont frappées d'intermèdes de bleus, d'accalmies sereines.
Inondée d'une savante lumière, parsemée de poudre d'or, la palette vibre au jour et révèle les carnations, des pierres, des peaux. Dans le style figuratif-abstrait de Nadée, les foules restent anonymes. Seuls les dos, nuques, têtes dénudées ou enturbannées s'offrent au regard. Immobiles, devant le mur invisible des incompréhensions, à moins que ce ne soit au pas lent « des hommes qui marchent », ses personnages se juxtaposent, comme autant de solitudes, pour donner la douce illusion d'une humanité réunie. Certains, empreints de doute, résistent à l'instinct grégaire. Ils hésitent, se retournent : vision fugace d'un visage. Le cortège du monde reste inéluctable.
Entre abstraction lyrique et poétique, l'artiste nous livre l'expression d'une sensibilité, d'une identité en construction à force de voyages lointains et d'introspections récurrentes. Elle s'invente un langage pictural propre, laissant toute sa place à une contemplation plus active que méditative. Car Nadée invite le spectateur au partage - en grands formats ou diptyques - des routes imaginaires de ses caravanes et dédie l'intimisme de ses petits formats à des palabres improvisés.