Stone camouflage

Par · Publié le 18 novembre 2008 à 11h41
C’est l’art de dissimuler du matériel de guerre ou des troupes à l’observation ennemie… Soyez prévenus : quand vous franchirez le seuil de Nicy Gallery, où Shuck expose du 21 novembre au 20 décembre son camouflage, vous avancerez en terrain miné… Venu au graffiti via les traces laissées par les indépendantistes sur les murs de Pointe-à- Pitre, c’est par le graffiti que Shuck, débarqué à Paris dans les années 80, parvient à enrichir les problématiques nouées durant son adolescence aux Antilles, autour de l’identité, de l’art, du ghetto, de la revendication et de l’action politique.
Sacré King de la 2 selon les rîtes underground et naissants des taggers/graffeurs/free-stylers parisiens, dont il est l'un des principaux acteurs (DCM, Basalt ), Shuck compte alors aussi parmi les premiers occupants de squats d'artistes de la capitale. Mais comme la machine hip-hop s'emballe, l'artiste choisit de demeurer fidèle à la spontanéité des débuts. Il voyage, noue des contacts féconds, en France et à l'étranger, avec des graffiteurs, des galeristes et des collectionneurs, il expérimente de nouveaux médias artistiques, pénètre dans des ateliers, sans jamais rester loin des murs de la ville. Avec le graffic-artism, dont la seule référence est de l'aveu de l'artiste son « émotion profonde », il impulse ce faisant un style- Shuck où s'embrase l'essence subversive de son art urbain. L'engouement qu'il suscite auprès des acteurs du monde de l'art ne se dément pas - Chaillot dès 1991, dans le cadre de l'exposition « 10 ans de graffiti-art », cotation à Artcurial, Drouot, Montaigne, prix et expositions en galeries, aux musée Saint- Laurent de Montréal (1998), de l'Homme à Paris (2007) ... C'est que Shuck multiplie les coups de force politico-artistiques avec subtilité, par ostensible déguisement de son art de la lutte au cœur même de la société de consommation... à savoir sur les cannettes qu'il customise pour Orangina, sur les vêtements de Kenzo et de Castelbajac, ou encore au MEDEF - installation-performance géante lors de sa dernière université d'été : voir en grand - think big. C'est également désormais sur les murs du FNAC et du ministère de l'Outre-mer, ayant acquis plusieurs de ses toiles, que Shuck écrit son nom, et invente ce faisant des points de résistance symbolique enchâssés au cœur du pouvoir.
Mais l'art du camouflage qui se voit, ce n'est pas seulement le sien, c'est aussi celui d'une société dont la violence symbolique constitue le principal objet des œuvres présentées dans cette exposition, où s'actualise un jeu de miroirs étourdissant. A travers une sélection de toiles récentes, l'artiste y entreprend en effet de sonder la mécanique complexe de la rétention d'informations. « Forcer le spectateur à se poser des questions face aux œuvres », selon une démarche directement inspirée de la pratique originelle du tag, tel est l'objectif de ces réflexions en forme de toiles sur les modalités d'exclusion sociopolitique contemporaines, ou encore les vicissitudes d'une anthropotechnique récemment incarnée par E.d.v.i.g.e, que réverbèrent des œuvres aux intitulés éloquents, comme « Black out », « Les méandres de l'enfermement », ou encore « Emotion against racism ». Si cette thématique est de nature à percuter quiconque s'expose aux œuvres de Shuck, c'est non seulement en raison du choc inhérent à la découverte de la violence masquée, mais aussi parce qu'il est ici servi par une esthétique ajustée à la fonction sociale de catharsis qu'assigne l'artiste à son travail. A travers une « calligraphie symboliste » explicitée, il s'approprie en effet les codes du camouflage politique, et se donne ainsi les moyens de les dévoiler en les re-présentant au public, sous la forme d'un « foisonnement de couleurs qui se transforment en écritures ».
Nicy Gallery, implantée depuis peu à Paris, s'est spécialisée dans le mobilier et les objets design rares des années 80 à nos jours, des éditions plus personnelles, ainsi qu'une activité transversale dédiée à des artistes dont le travail est lié à l'architecture, la ville, le graphisme, la photographie ou le design sonore. C'est donc dans cet espace passionnément et sensoriellement contemporain du IXeme arrondissement, à côté de séries limitées de Starck, Sottsass ou Mendini que le « stone camouflage » de Shuck prendra toute sa dimension.



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Informations pratiques

Dates et Horaires
Du 21 novembre 2008 au 20 décembre 2008

× Horaires indicatifs : pour confirmer l'ouverture, contactez l'établissement.

    Lieu

    40, rue de la Tour d’Auvergne
    75009 Paris 9

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