L’expressionnisme allemand est un sujet neuf en France. Emil Nolde (1867-1956), l’un des représentants majeurs de ce courant, n’a à ce jour bénéficié d’aucune rétrospective. Pour la première fois dans notre pays, une exposition ambitieuse rend hommage à cette grande figure de l’art moderne en réunissant quatre-vingt dix peintures et soixante-dix aquarelles, gravures et dessins. Cet ensemble est présenté selon un parcours chronologique découpé en douze sections thématiques. Pour le grand public, ce sera donc une découverte; pour les connaisseurs, une occasion unique de voir rassemblés des tableaux provenant du monde entier et illustrant la totalité de l’œuvre.
D’abord sculpteur ornemaniste sur bois, Nolde vient tard à la peinture. Il se singularise très vite par une peinture farouche, qui a retenu la leçon de Van Gogh. Partagé entre son enracinement dans la terre du Schleswig et sa fascination pour la métropole, Berlin, entre son goût pour la solitude et le spectacle de la vie sociale, ce fils de paysan, construit une œuvre unique qui suscite bien des incompréhensions. En 1937, mis à l’index par le régime Nazi, il est la « vedette » de l’exposition d’art dit « dégénéré » puis, en 1941, il est frappé d’interdiction de peindre. La reconnaissance internationale ne tarde pas après guerre, et Nolde est consacré de son vivant comme l’un des artistes les plus importants de notre temps.
L’œuvre de Nolde est remarquable par d’extraordinaires accords colorés, un trait sans concessions. L’être humain est au centre de ses préoccupations, magistralement restitué dans les doubles portraits, les maternités, les autoportraits, les couples. Les paysages et les natures-mortes sont autant de songes colorés, où la contemplation de la vie ordinaire, de la nature, est transfigurée par l’audace de la palette. Les sujets religieux bouleversent toutes les tentatives faites dans ce domaine à l’époque moderne, et sont une tentative pour retrouver les racines d’une religion primitive, proche de l’homme. Tour à tour grinçant ou serein, Nolde peint à la fois le théâtre social et l’humanité toute entière. D’une longévité rare pour l’époque – 89 ans – il traverse les deux guerres et laisse une œuvre foisonnante qui continue de dialoguer aujourd’hui avec l’art le plus contemporain.
Ouverture tous les jours sauf le mardi de 10h à 20h, le mercredi jusqu'à 22h. Entrée 10€