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· Publié le 18 janvier 2009 à 15h35
L'idée d'exposer le vide est récurrente dans l'histoire de l'art de ces
cinquante dernières années, au point d'être presque devenue un cliché
dans la pratique artistique contemporaine. Depuis l'exposition d'Yves
Klein « La spatialisation de la sensibilité à l'état pur » à la galerie
Iris Clert, à Paris, en 1958, les expositions entièrement vides
affirment différentes conceptions du vide.
S'il est pour Yves Klein un moyen de signaler l'état sensible, il
représente en revanche l'apogée de l'art conceptuel et minimal pour
Robert Barry avec The Marcuse Piece: Some places to which we can come, and for a while "be free to think about what we are going to do" (1970). Il peut aussi résulter du désir de brouiller la compréhension des espaces d'expositions, comme dans l'œuvre The Air-Conditioning Show d'Art & Language (1966), ou de vider une institution pour modifier notre expérience comme dans l'œuvre de Stanley Brouwn.
Il traduit également la volonté de faire l'expérience des qualités d'un
lieu d'exposition, comme pour Robert Irwin et son exposition réalisée à
la ACE Gallery en 1969, ou pour Maria Nordman lors de son exposition à
Krefeld en 1984. Le vide représente aussi une forme de radicalité,
comme celui créé par Laurie Parsons en 1990 à la galerie Lorence Monk,
qui annonce son renoncement à toute pratique artistique. Pour Bethan
Huws et son œuvre Haus Esters Piece (1993), le vide permet de célébrer
l'architecture du musée, signifiant que l'art y est déjà présent et
qu'il n'est pas nécessaire d'y ajouter des œuvres d'art.
Le vide revêt
presque le sens d'une revendication économique pour Maria Eichhorn qui,
laissant son exposition vide à la Kunsthalle Bern en 2001, permet d'en
consacrer le budget à la rénovation du bâtiment. Avec More Silent than Ever (2006), Roman Ondak, quant à lui, laisse croire au spectateur qu'il y a plus que ce qui est laissé à voir.