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· Publié le 30 janvier 2009 à 14h43
L'exposition permet d'étudier, dans l'atelier même du peintre, la relation complexe de l'artiste à la photographie.
Delacroix fut confronté, comme toute sa génération, à l'émergence de cette nouvelle technique. Outil à la fois intriguant et fascinant pour le peintre, ce médium occupe une place à part dans l'ensemble de son œuvre et est à la source d'une profonde réflexion sur la vérité artistique face au réalisme photographique.
Loin de la considérer comme une rivale possible de la peinture, Delacroix suit avec intérêt l'émergence et le développement de la photographie. Collectionneur attentif de reproductions d'œuvres d'art - fresques de Raphaël, toiles de Rubens ou sculptures des cathédrales - il choisit, à défaut d'avoir à manier lui-même
l'objectif, de faire photographier par Eugène Durieu des modèles nus, masculins et féminins. Ces clichés, qu'il emporte parfois avec lui, sont un outil précieux pour s'exercer au dessin au cours de ses séjours en province.
Cependant, malgré sa fascination pour la photographie, Delacroix conserve un œil critique à l'égard de ce nouveau médium. Il adopte une attitude parfois sceptique quant à son utilisation proprement dite et à la maîtrise de la technique, refusant de lui attribuer des avantages au-delà de sa valeur instrumentale.
L'exposition permet d'étudier, dans l'atelier même du peintre, la relation complexe de l'artiste à la photographie. Le concours exceptionnel de la
Bibliothèque nationale de France permet au musée Eugène-Delacroix de réunir pour la première fois l'ensemble des photographies d'Eugène Durieu et la quasi intégralité des dessins réalisés à partir de ces clichés ; à cette riche collection s'ajoutent de nombreux autres clichés inédits ainsi qu'une Odalisque peinte, généreusement prêtée pour l'occasion. Enfin, une série de portraits de Delacroix oppose les daguerréotypes intimes des années 1840 aux images ultérieures, plus posées, prises par Nadar ou Carjat.
© BnF