Près de deux siècles après sa mort, William Blake est le plus célèbre mais aussi le plus secret des génies d'Outre-Manche. Tout à la fois poète, graveur et peintre, Blake s'est opposé à nombre de ses compatriotes, en particulier son aîné Reynolds (né en 1723) avant son cadet Turner (né en 1775), tellement ses livres visionnaires (dont Les Noces du ciel et de l'enfer, 1790-1793) ont heurté les sensibilités et bouleversé les canons académiques du temps, tant par le mot que par le trait.
Mieux qu'aucun autre, Blake exprime l'inspiration hallucinée propre au romantisme anglais. Son influence sera déterminante au XIXe siècle chez les préraphaélites puis sur la modernité prônée par André Gide, André Breton et les surréalistes au XXe siècle. Son œuvre est riche d'une symbolique où se réfléchissent les derniers feux des Lumières et la secrète alchimie d'une société britannique en pleine mutation.
Blake doit sa célébrité à ses manuscrits enluminés dont le graphisme tendu est rehaussé d'un chromatisme puissant. La parfaite réponse du verbe et de l'illustration, la poésie onirique des images, comme sa palette résolument neuve, cristallisent les éblouissements d'un œil visionnaire.
« L'inspiration et la vision étaient, sont et seront toujours, j'espère, mon Elément, mon Refuge éternel », William Blake.
L'exposition du Petit Palais est la première rétrospective en France, organisée avec le musée de la Vie romantique, avec la collaboration de Michael Phillips, commissaire invité. Elle regroupe quelques 150 dessins, gravures, enluminures, livres et aquarelles exceptionnellement prêtés par les principaux musées britanniques.
Crédits photo : © The Fitzwilliam Museum