« Résumer le travail de Marylin Cavin en une simple formulation serait une gageure. Cent fois remis sur l’ouvrage, le réel inspire l’artiste pour devenir une réalité toujours en mutation. Tromperie, ou duperie de nos sens, peu importe.
Ce qui importe est ce qui se présente et se construit en nous, se transforme avant d'être digéré. Le travail de Marylin Cavin n'est pas une simple reformulation picturale voire graphique d'une réalité vécue, mais une réorganisation sensible du réel qui se retransforme en réalité tangible. Ce qu'elle nous fait percevoir au travers de son œuvre pousse notre expérience sur des terres inconnues jusqu'à la surprise ou l'apaisement et mêle délicatement à ses réalisations une poétique qui ajoute au sens des émotions inénarrables.
Le réel est alors perçu d'un autre point de vue, celui d'une artiste qui associe la simplicité des formes à la force de leur simplicité. Ne concédant rien sur ses choix, elle isole les objets du réel pour en construire de nouveau en nous, décrivant ainsi des objets délaissés qui nous paraissent si familiers, et pourtant qui remplissent nos vies et nous donnent du sens.
Elle semble vouloir nous dire alors « Regardez-les » et semble poursuivre en nous démontrant que la quiétude se trouve toujours à notre portée, faisant ainsi une route artistique originale et bien différente des modes. Pour magnifier cette réorganisation sensible, elle accentue et théâtralise l'espace pour mieux capturer notre attention. Les galets, par exemple, prennent une dimension inconnue jusqu'alors, car ils attirent et concentrent notre attention qui se lisse sur leurs courbes parfaites.
L'objet symbolique signifié se voit reconstruit sur cette théâtralité qui prend corps dans le fond de ses toiles ou elle joue de nos perceptions pour les brouiller, ajout de drame, de ratures, d'accidents, de bruits, d'objets satellitaires, réalisant ainsi une capture visuelle et émotionnelle qui nous échappe et nous attire".
Par Patrice Tatso