A l'occasion de la Journée internationale de la femme, petit point sur l'histoire du droit de vote des femmes en France et dans le monde.
Comme dans beaucoup de domaines, les pays du Nord de l'Europe ont été des précurseurs en matière de droit de vote féminin en Europe. La Suède dès 1718 (mais seulement jusqu'en 1771, puis de nouveau en 1918), la Finlande, la Norvège et le Danemark entre 1906 et 1915, ont autorisé aux femmes d'élire leurs dirigeants. Elles ont acquis ce droit en Allemagne dès 1919, en Espagne et en Turquie en 1931. En France, il faudra attendre 1944 et la Libération pour qu'on leur accorde ce droit, après de nombreuses années de débats sur la question.
Selon, l'historienne Régine Pernoud, les femmes avaient le droit de vote en France au Moyen Âge. Ce droit a été supprimé par un décret du Parlement en 1498. Pendant l'Ancien régime, les veuves dotées d'un fief et les mères abbesses peuvent voter aux États Généraux. Dans l'opinion générale, l'idée que les femmes pèsent dans la vie politique est
difficile à admettre. Dès 1900, des députés font des propositions de loi autorisant le vote des femmes, bloquées à chaque fois par le Sénat. De 1919 à 1936, la Chambre des députés se prononce 6 fois pour l'instauration du vote des femmes, tandis que le Sénat n'inscrira jamais ce texte à son ordre du jour. En 1936, le Front Populaire nomme trois femmes sous-secrétaires d'État : Suzanne Lacore, Irène Joliot-Curie et Cécile Brunschvicg. En 1942, le Général de Gaulle déclare qu'« une fois l'ennemi chassé du territoire, tous les hommes et toutes les femmes de chez nous éliront l'Assemblée nationale ». C'est donc le 21 avril 1944 que le Gouvernement provisoire de la République française accorde aux femmes le droit de vote. Dans les faits, il ne sera effectif que le 29 avril 1945 pour les élections municipales puis en octobre pour les élections à l'Assemblée constituante.
On peut aussi noter que l'engagement tardif des femmes dans la vie politique du pays se ressent encore aujourd'hui. Ce n'est qu'en 1989 qu'une femme, Catherine Trautmann, devient maire d'une ville de plus de 100 000 habitants (Strasbourg), et en 1991 qu'une femme devient premier ministre, Édith Cresson (aucune femme ne lui a succédé à ce poste depuis). De manière générale, les femmes demeurent sous-représentées dans les instances gouvernementales et parlementaires. Beaucoup de partis préfèrent
payer des amendes plutôt que de présenter des femmes aux élections. En 2005, la France figurait au 85e rang des pays pour la représentation des femmes au parlement (21e sur 25 en Europe). En 2007, le nombre record de 18,54% de députées est atteint, mais on reste bien loin d'une utopique parité.
Aujourd'hui, après l'adoption du droit de vote féminin par le Bouthan en 2008, plus aucune femme n'est officiellement privée de ce droit dans le monde. Toutefois, dans quatre pays (Arabie saoudite, Brunei, Myanmar, Vatican), il n’y a pas d’élections, les femmes sont privées de ce droit au même titre que les hommes.
Crédit photo : © Assemblée Nationale