A treize ans, Sylvie Selig part vivre avec sa mère en Australie. Loin de tout, la peinture devient une compensation. Un encadreur convainc sa mère de proposer un des tableaux de sa fille à la Victorian Art Society. Il remporte le prix
Elle quitte l'école à 15 ans pour entrer à la National Art Gallery. Avant de partir pour l'Angleterre, elle expose pour la première fois. Elle a 17 ans. Cette exposition fera parler d'elle dans toute l'Australie. De 1962 à 1965 : elle retourne vivre à Paris et illustre une rubrique dessinée pour le Elle. Entre 1966 et 1969 : elle s'installe à New York, participe à des expositions, illustre chaque semaine des pages pour Conde Nast, Esquire et New York Magazine. Après avoir exposé en France, aux Etats-Unis et en Angleterre, elle travaille depuis 2006 sur la série Screen of my dreams.La série de 15 toiles grand format consacrées au cinéma et à ses réalisateurs sera exposée à l'Espace Commines à Paris du 26 mars au 5 avril 2009. Sa peinture est ludique, narrative et littéraire. À la fois espiègle et enfantine,
Elle rit. Ou plutôt elle sourit tout le temps. Une lumière émane d'elle. Sylvie Selig est gracieuse. C'est plat mais c'est suffisamment rare pour le souligner. Cette artiste a vu, voyagé, vécu pleinement. Librement. Chasseuse de lumière dès son plus jeune âge. Aux antipodes où sa vocation est née. A New York, dans les lumières métalliques, miroitantes de la ville verticale. Dans le sud de la France où la lumière bleue et dorée faisait délirer Scott Fitzgerald, Paul Signac et Colette. Elle évoque son travail et ses inspirations :
La figuration
Ai-je un maître ? Non, mais je vénère un peintre par dessus tout, Picasso. Et bien sur Rembrandt, Vélasquez, Goya. Malgré un passage par l'abstraction lorsque j'avais une vingtaine d'années - il était difficile d'y résister - j'ai toujours fait de la peinture figurative. Je ne peins jamais d'après modèle toujours par imagination. Quand je peins, je raconte des histoires. Un désir refoulé de ne pas être écrivain ! J'adore les mots. J'inscris des citations, des réflexions d'écrivains ou de poètes, comme dans la série sur le cinéma.
Le cinéma
Je suis inspirée par les images d'un cinéma évocateur, visuel mais aussi par un cinéma de sensations comme le dernier film de David Lynch, « Inland Empire ». Godard a dit : «On ne regarde que ce que l'on sent ». La dimension féerique est importante pour moi et demeure, que les films soient violents, romantiques, satiriques ou poétiques. Le cinéma m'a nourri comme il a d'ailleurs été nourri par le travail des créateurs, plasticiens ou écrivains. Un film qui a eu un impact énorme sur moi fut «E la nave va » de Fellini. Mon premier tableau dédié au cinéma fut inspiré par ce film.
La série Screen of my dreams
Elle est née de l'écoute, et étrangement non de la vision, du générique du film « Le mépris » de Jean-Luc Godard. La musique de Delerue et la voix de Godard égrenant les noms d'acteurs ont une puissance d'évocation visuelle hors du commun. Je peins en écoutant les films. C'est paradoxal pour un peintre mais les bandes-son sont extraordinairement visuelles et n'interfèrent pas avec mes images. Le premier tableau de cette série fut une évocation du couple Bardot- Piccoli. Je ne veux pas faire dans la ressemblance ou la reproduction, plutôt m'approprier les univers des cinéastes et les restituer avec toute la liberté requise. Mes tableaux sont des rêveries autour de certains films. Il m'arrive de coupler des metteurs en scène sur une toile parce que je suis très sensible aux correspondances de leurs univers, comme dans le tableau qui représente Quentin Tarantino, Takeshi Kitano et le créateur Yohji Yamamoto. Je ne suis pas une cinéphile, je suis peintre avant tout et j'aime provoquer ces rencontres entre les images, les mots et le cinéma. Screen of my dreams comporte quinze toiles que j'ai réalisées en deux ans. Ce sont des huiles de grand format, (240cm x 200cm). Les grands formats appellent une respiration profonde. C'est une gestuelle, plus ample, plus libre qui convient mieux à mon univers.