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· Publié le 21 septembre 2009 à 10h19
« Je commence à savoir peindre. Il m’a fallu plus de cinquante ans
de travail pour arriver à ce résultat, bien incomplet encore », déclare
le peintre Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) en 1913 au moment où l’on
peut voir à la galerie Bernheim-Jeune à Paris une importante exposition
de ses œuvres, parmi lesquelles des grands nus peints au tournant du XXe siècle. C’est une révélation.
Guillaume Apollinaire fait l’éloge de celui qu’il considère comme
« le plus grand peintre vivant » : « Renoir grandit continuellement.
Les derniers tableaux sont toujours les plus beaux. Ce sont aussi les
plus jeunes ».
« Impérissable jeunesse » en effet, pour reprendre la formule
admirative de Thadée Natanson en 1896, qui voit Renoir jouir d’un
prestige incontesté sur la scène artistique du début du XXe siècle. Le peintre y est salué comme une figure emblématique de
l’impressionnisme des années 1870 mais il est aussi admiré pour sa
capacité à avoir dépassé et renouvelé un mouvement de plus en plus
largement accepté.
A l’instar de ses contemporains et amis Paul Cézanne et Claude
Monet, Renoir est une référence pour de jeunes générations d’artistes.
Pablo Picasso, Henri Matisse, mais aussi Pierre Bonnard ou Maurice
Denis professent leur admiration pour le maître, et en particulier pour
sa « dernière manière », celle du tournant du XXe siècle.
De grands amateurs de l’art moderne, tels Leo et Gertrude Stein,
Albert Barnes, Louise et Walter Arensberg ou encore Paul Guillaume,
collectionnent Renoir aux côtés de Cézanne, Picasso ou Matisse.
Depuis, l’appréciation du « dernier Renoir » a bien changé : les
tableaux de cette période sont peu connus et souvent mal aimés. Si le
paysage (« Renoir’s Landscapes 1865-1883 », Londres-Ottawa-Philadelphie
2007-2008) et le portrait (« Renoir’s Portraits », Ottawa-Chicago-Fort
Worth 1997-1998) chez Renoir ont suscité de récentes expositions, les
années tardives du peintre n’ont pas fait l’objet d’études et de
manifestations spécifiques, comme cela a été le cas pour Monet ou
Cézanne (« Monet in the 20the Century », Boston - Londres, 1998-1999 ;
« Cézanne, les dernières années (1895-1906) », Paris – New York, 1978).
C’est à l’exploration de ces années fécondes que l’exposition est
dédiée.
Après les combats de l’impressionnisme, Renoir remet en cause vers
1880 les préceptes du mouvement au profit du retour au dessin et du
travail en atelier, en référence avouée au passé. Ce moment de crise et
de tâtonnement s’achève à l’orée des années 1890, qui ouvrent la voie à
la reconnaissance publique, institutionnelle et commerciale de
l’artiste. Sans renier l’impressionnisme, Renoir invente alors un art
qu’il veut classique et décoratif. « Peintre de figures » comme il aime
à se définir, Renoir désigne tout particulièrement le nu féminin, le
portrait et les études d’après le modèle, en atelier ou en plein air, à
des expérimentations novatrices.
Visuel :
Fille à la collerette rouge, Pierre-Auguste Renoir, 1896 -Huile sur toile, 41,3 x 33,3 cm
© Philadelphia Museum of Art