Le 5 bis rue de Verneuil, dans le 7e arrondissement à Paris, fait partie de ces mythiques adresses de la capitale. Lieu de pèlerinage pour beaucoup, cette maison recouverte de graffitis a été pendant plus de 20 ans la demeure de l’illustre Lucien Ginsburg, dit Serge Gainsbourg. Depuis le 20 septembre 2023, et après plusieurs années d'attente, la fascinante Maison Gainsbourg est enfin ouverte au public avec, à deux pas de là, l’ouverture d’un musée dédié au chanteur. Une librairie-boutique, un café-restaurant ainsi qu'un piano-bar sont aussi à découvrir sur place. Deux lieux que Sortir à Paris a eu l’opportunité de visiter (quelques jours avant son ouverture officielle), non sans émotion. Une émotion d'autant plus forte depuis la mort de Jane Birkin le 16 juillet 2023. On vous raconte cette expérience immersive audio, aussi incroyable que déroutante.
Notez que de nouveaux créneaux de visite doivent sont régulièrement proposés en ligne, sur le site officiel de la Maison Gainsbourg. Deux types de billets sont proposés à la vente : le billet disponible pour le parcours "Maison & Musée" et celui pour le parcours "Musée seul" du 1er juin au 30 septembre 2024.
La visite de ce parcours jumelé débute par la Maison Gainsbourg, située au N°5 bis rue de Verneuil, où vécut l'homme à la tête de chou de 1969 à sa mort, le 2 mars 1991. Au niveau de l’entrée, on nous explique comment vont se dérouler ces 30 minutes d’immersion dans cette mythique demeure. Casque sur les oreilles et audioguide autour du cou, la voix de Charlotte Gainsbourg va ainsi nous mener de pièce en pièce et nous raconter anecdotes et souvenirs d’enfance en piochant dans une impressionnante collection d’objets conservés intacts et dispersés aux quatre coins de cette maison.
Mais attention, prière de mettre son téléphone en mode silencieux ; les photos et les vidéos sont interdites afin de profiter pleinement du moment et de garder le mystère. En raison de la taille réduite de certains espaces, nous ne sommes que deux à nous lancer au même moment dans cette visite de la Maison Gainsbourg. Et avant de pénétrer dans la première pièce, dissimulée derrière une porte qu’on nous demandera de fermer dernière nous, on nous invite à nous essuyer les pieds, comme si l’on pénétrait chez nous ou chez des amis, et pour ne pas abimer non plus la moquette et les tapis qui recouvrent une grande partie de la demeure.
La voix douce de Charlotte Gainsbourg retentit alors dans nos oreilles et nous invite à rentrer dans la première pièce de cette maison : le salon. Nous sommes tout de suite frappés par la décoration chargée et cette maison conservée en l’état par l'actrice et chanteuse. Car c’est là tout le côté fascinant de cette visite. « Non, ça n’a pas changé, et j’ai rien osé toucher » avait confié Charlotte Gainsbourg dans une interview sur le plateau de l’émission Quotidien en 2017. On est alors rapidement traversé par une étrange sensation : celle de voyager dans le temps et de faire un bond dans le passé, il y a plus de 30 ans de cela.
Mais retour à la visite et à la Maison Gainsbourg, celle « d’un collectionneur » nous indique d’ailleurs Charlotte Gainsbourg dans le casque. Il y a cette vitrine où sont disposés des vinyles et des livres, mais aussi cette photo de Jane Birkin et Brigitte Bardot toutes les deux nues. En se retournant, on découvre deux pianos, un canapé, un vieux téléphone - mais moderne pour l’époque - et cette mallette, l’objet « le plus précieux » aux yeux de Charlotte Gainsbourg. Une mallette dans laquelle son père y glissait ses billets de 500 francs, ses lunettes, ses cigarettes, mais aussi ses papiers et ses textes. La fille du chanteur nous explique alors que cette partie du salon était celle où son père faisait des interviews et recevait. Impossible de circuler entre ces meubles et objets, des barrières de verre nous séparent, n’entravant en rien la visite.
Nous sommes ensuite invités à quitter cet espace et à prendre le couloir afin de rejoindre la cuisine. On y découvre le fameux frigo à la vitre transparente avec des canettes et des conserves encore visibles, mais aussi une étagère avec une impressionnante collection de bouteilles de vin vides. À la voix de Charlotte, toujours aussi touchante, se mêle un enregistrement où l’on entend Serge Gainsbourg parler aux enfants. Emotion garantie avec cette étrange sensation de partager leur quotidien passé. On apprend aussi qu’il mangeait toujours avec la même fourchette, et que la famille avait pour habitude de regarder la télévision à table.
On poursuit la visite en passant devant une série de photos de la fameuse marionnette des Guignols de l'info à l’effigie de Serge Gainsbourg, puis arrivons de nouveau devant le salon, mais cette fois-ci de l’autre côté, celui qui offre un « regard de la famille ». Un cendrier contenant quelques mégots est posé sur un meuble, tandis qu’une multitude d’insignes de policiers trône sur une table en verre. « Tout ce qu’il pouvait prendre aux policiers le rendait heureux » relate avec humour la voix de Charlotte Gainsbourg.
Direction ensuite l’étage, alors que le bruit du parquet qui grince retentit dans nos oreilles. À ce niveau de la maison, on découvre tour à tour la petite garde-robe de Serge Gainsbourg avec ses emblématiques chaussures blanches Repetto, puis la troublante chambre de poupées, sans oublier son bureau où sont disposées des tonnes de livres (Boris Vian, Marilyn Monroe, Nicolas de Staël, Jérôme Bosch, Jan van Eyck...).
On arrive ensuite devant la salle de bain avec cet imposant lustre, situé juste à côté de la chambre de Serge Gainsbourg, pièce maîtresse de cette maison où se termine d’ailleurs la visite tout en émotion. Pour Charlotte Gainsbourg, cette chambre représente à la fois un souvenir douloureux, car c’est ici que son père a été retrouvé inanimé. Mais c’est aussi le lieu où Serge et Charlotte regardaient ensemble des films durant le week-end.
Nous pourrions vous en dire beaucoup plus sur cette plongée dans l’intimité de Serge Gainsbourg, sur la Maison Gainsbourg, sur ce qu’elle renferme et sur ces nombreuses anecdotes contées avec sincérité par Charlotte Gainsbourg. Mais on ne veut pas tout vous révéler non plus et l’on préfère vous laisser guider par la voix émue et bouleversante de celle que l’on remercie mille fois pour l’ouverture de ce lieu unique au grand public. Qui mieux qu’elle pour nous décrire les habitudes de son père. Qui mieux que Charlotte Gainsbourg pour nous dévoiler ce qu’il se passait dans la sublime demeure de ce « solitaire qui n’aimait pas la solitude ». Qui mieux que sa fille pour nous raconter ces souvenirs d’enfance, parfois douloureux et émouvants, mais aussi drôles et profondément touchants.
Au final, on ressort de la Maison Gainsbourg, où ont aussi habité Jane, Charlotte, Kate, et plus tard Bambou, avec l’étrange sensation d’avoir vécu une immersion incroyablement intimiste et unique, d’avoir remonté le temps sur les traces d’un immense artiste qui continue encore aujourd’hui de fasciner les foules et d’une famille qui a véritablement marqué le cœur des Françaises et des Français. Une expérience à faire et à refaire !
Au bout d’une trentaine de minutes dans l’ancienne maison de l’artiste (trop court diront certains), direction le 14 rue de Verneuil qui abrite désormais le musée dédié à Serge Gainsbourg, mais aussi une librairie-boutique et le Gainsbarre.
Ici, dans un long couloir, les fans du chanteur peuvent (re)découvrir, à travers un parcours découpé en huit chapitres chronologiques, les différentes facettes de l’artiste en parcourant plusieurs époques traversées durant sa carrière : la Rive Gauche du début des années 60, le Swinging London des années 70 et les années 80 entre les palaces et le Palace... De nombreux objets - près de 450 pour être plus précise - ayant appartenu pour la plupart à Serge Gainsbourg y sont exposés, comme des manuscrits, des œuvres, des bibelots (manches de parapluies en ébène et ivoire, tête de poupée...), des photos, des vêtements (chemise « boy scouts of America », veste de femme à un bouton et rayure tennis...) ou encore des bijoux. En face de ces vitrines, huit écrans diffusent une sélection d’archives, rares et iconiques. On y retrouve aussi la voix si unique de l'artiste.
Au bout de ce couloir, sur la droite, nous attend un escalier qui nous amène directement au sous-sol. Ici, place à l’expo temporaire consacrée pour l’occasion au 45 tours de « Je t’aime... moi non plus ». Publié en février 1969, ce disque est un album de rencontres : celle du mythique couple formé par Jane Birkin et Serge Gainsbourg, mais aussi celle de Jane Birkin avec le public. Entre deux vitrines, on découvre un fauteuil sur lequel reposent deux marionnettes à l’effigie de Serge Gainsbourg ; l’une offerte à l’artiste par un fan vers 1984 et l’autre réalisée par Pascal Gilbert.
La visite se termine en ouvrant une ultime porte qui nous ramène au rez-de-chaussée et où se trouve le fameux Gainsbarre, à la fois café-restaurant, bar à cocktails et piano-bar, inspiré des premières années de la carrière musicale de Serge Gainsbourg.
Les fans de l'irremplaçable Serge Gainsbourg ont donc rendez-vous dans le 7e arrondissement de Paris pour pousser les portes de la Maison Gainsbourg puis du musée. Actuellement, tous les créneaux proposés jusqu’au 31 mai 2024 sont complets. Mais la Maison Gainsbourg a annoncé la date d'ouverture de nouvelles réservations. A vos agendas ! L'ouverture de nouveaux créneaux aura lieu le mardi 9 avril à 12h, exclusivement en ligne, sur le site officiel de la Maison Gainsbourg.
Comme le précise le lieu, les billets disponibles couvriront la période du 1er juin au 30 septembre 2024. Deux parcours sont proposés : le parcours "Maison & Musée" ainsi que le parcours "Musée seul". "Compte tenu de la configuration intime des lieux et afin de préserver la qualité de l'expérience de visite, le nombre de billets disponibles est limité", ajoute le musée.
Dates et Horaires
À partir du 20 septembre 2023
Lieu
Maison Gainsbourg
14 Rue de Verneuil
75007 Paris 7
Site officiel
www.maisongainsbourg.fr
Lien(s) de Réservation
www.maisongainsbourg.fr