Découvrez le Musée Chinois insolite du Château de Fontainebleau

L'Impératrice Eugénie, alors en exil en Angleterre trois ans après la mort de l'Empereur Napoléon III, avait émis le souhait de recouvrer les biens qui lui appartenaient personnellement, notamment la collection du Musée Chinois de Fontainebleau. Celle-ci avait été constituée à partir d'objets saisis par les militaires français lors du sac du Palais d'été à Pékin en octobre 1860, ainsi que de cadeaux offerts par l'ambassade de Siam en juin 1861. L'Impératrice avait elle-même veillé à la mise en place du décor de laque et d'or, des toiles de soie tendues au plafond, des précieux bibelots installés dans des étagères faites à la mesure, des consoles, des vases montés en lampes.

Lors de la liquidation de la liste civile de l'Empereur, des discussions eurent lieu entre les représentants de l'État et les membres de la famille impériale. Il fut évoqué l'idée de rendre à l'ex-Impératrice la collection des objets enlevés au Palais d'été à Pékin. Après de longues discussions et visites à Fontainebleau, il fut décidé à la majorité des votes que les 418 pièces expertisées et inscrites au catalogue, quelle qu'en soit leur provenance, deviendraient propriété de l'État.

Après un long sommeil d'un siècle, le Musée Chinois de Fontainebleau a été restauré et retrouve sa beauté d'antan. Il témoigne ainsi de quelques-unes des mille merveilles du château de Fontainebleau. Parmi ces merveilles se trouve une armure de samouraï contemporaine de guerrier japonais, offerte par l'ambassade de Ikeda Nagoki en 1864 à l'Empereur Napoléon III. L'administration japonaise avait pris connaissance du goût particulier de l'Empereur pour les armures anciennes et avait choisi une armure contemporaine correspondant à la mode des armures « rétro ». Cette armure est arrivée à Fontainebleau vers 1865 et a été installée au musée Chinois. Pendant plus d'un siècle, elle avait été présentée sur un mannequin en bois qui avait la particularité de porter la tête d'un mannequin d'Occident, ce qui avait altéré sa présentation originale.

Dans les années 1970, lorsque le musée a été restauré dans son état Second Empire, l'armure japonaise a été mise en réserve. Mais grâce aux restaurations récentes, elle a été remise en place dans le Musée Chinois de Fontainebleau, et les visiteurs peuvent maintenant admirer cette magnifique armure contemporaine de guerrier japonais, témoin de l'amitié et des échanges diplomatiques entre la France et le Japon au XIXe siècle.