Qu'est-ce que l'intime, quelles sont ses limites ? À qui peut-on raconter nos pensées les plus profondes, que veut-on montrer de soi, de son univers ? Au fil des siècles et des révolutions sociales, l'intime évolue. Le musée des Arts Décoratifs nous raconte cette fascinante histoire et nous invite à regarder (littéralement) par le trou de la serrure, pour découvrir l'intime à travers les époques.
Cette exposition massive est organisée du 15 octobre 2024 au 30 mars 2025, dans la nef et les galeries latérales du musée. Pour l'occasion, 470 œuvres, objets d'art décoratifs, peintures, objets du quotidien, photographies et objets historiques sont rassemblés. Nous voilà partie pour un long voyage, du XVIIIe siècle à nos jours, à la découverte des secrets et de la vie confidentiel des autres.
L'intime peut prendre bien des aspects. Le musée des Arts Décoratifs explore ainsi 12 thématiques différentes, qui dévoilent chacune une facette de nous, de notre époque.
L'intime, c'est le corps. Ce sont les lieux où on le met à nu, où on en prend soin. Des chaises percées aux toilettes modernes, des urinoirs aux bidets, ces espaces clos, ces secrets tus, mais partagés restent toujours tabous. Les artistes qui s'en emparent jouent de ces normes, de ces non-dits, de ces sujets incorrects. Le corps peut aussi être plus désirable. Au bain, à la toilette, hygiène et beauté se retrouvent. Les gestes et les produits intimes peuvent devenir des armes de séduction, qui appellent les regards. On joue alors avec les miroirs, les portes entrouvertes sur cette intimité qui se partage.
Au XIXe siècle, l'intime est le foyer. Ce monde personnel, coupé du travail et du paraître extérieur, où la femme agit en chef d'orchestre. Cet intime fascine souvent les peintres, qui cherchent à saisir ces intérieurs domestiques. Grâce aux mouvements féministes, les femmes pourront peu à peu se détacher de cet intime, et cultiver leur propre jardin secret, dans, ou hors de la maison.
Hommes ou femmes, il est un espace que chacun considère comme sacré. La chambre, ornée de son lit, est souvent un décor singulier, qui reflète les pensées de son occupant. Couleurs, objets, mise en place du mobilier : chaque détail est une porte ouverte sur la personne.
Bien sûr, l'intimité est aussi physique. Ces intimités sexuelles, identitaires sont bien souvent soumises à la censure. Dans l'œil d'un artiste homme, l'intimité féminine est mise en scène pour le plaisir masculin. Les sexualités qui diffèrent de ces codes sont le plus souvent ignorées, cachées, ou diabolisées. L'homosexualité n'est explorée réellement par les artistes qu'à partir du XXe siècle. Les objets du plaisir (sex-toys et vibromasseurs) ne sont plus tabous, mais deviennent des objets de jeu.
À notre époque moderne, l'intimité change encore. Nouvelles technologies, objets connectés, réseaux sociaux et mise en scène de la vie : l'intimité se partage au public, dans sa version embellie, soigneusement orchestrée, faussement naturelle. Tout le monde ne possède cependant pas les codes de ces vitrines numériques, télévisuelles, photographiques. Les dangers, les excès de ce partage de soi peuvent être sévères pour ceux qui ne contrôlent plus cette intimité.
Téléphones, caméras de surveillance, algorithmes : que reste-t-il de l'intime dans un monde où l'on est observé en permanence ? Les rêves, les pensées, les mondes imaginaires constituent l'univers le plus intime possible. Blogs et journaux peuvent refléter ces mondes intérieurs, faisant vivre un peu plus longtemps ces intimités qui changent et s'évanouissent.
Le musée des Arts Décoratifs nous pousse à réfléchir longuement sur nos sociétés, ce que l'on possède et ce que l'on contrôle de nous-même. Avec une sélection d'œuvres très variées, cette exposition devrait être aussi passionnante qu'étonnante.
Dates et Horaires
Du 15 octobre 2024 au 30 mars 2025
Lieu
Musée des Arts Décoratifs
107 Rue de Rivoli
75001 Paris 1
Tarifs
Moins de 26 ans : Gratuit
Tarif réduit : 10€
Plein tarif : 15€
Site officiel
madparis.fr
