Mascarades et Carnavals

Par · Publié le 13 janvier 2012 à 14h40
Mascarades et Carnavals au Musée Dapper du 05 octobre 2011 au 15 juillet 2012.
Pour la première fois, le musée Dapper réunit des œuvres traditionnelles d'Afrique subsaharienne et des créations des Caraïbes.
Cette exposition constitue une occasion unique de découvrir les résonances qui existent entre mascarades d'Afrique et carnavals des Antilles et de la Guyane.
Ces moments forts se vivent comme des rituels, des instants partagés, au sein desquels se renforcent les liens du groupe. Masques, costumes et coiffes, conçus à partir des matériaux les plus variés, sortent accompagnés de musique, danses et chants.

En regard des œuvres, photographies et vidéos témoignent de ces atmosphères singulières.

En Afrique, des masques en action :

Transmettre des connaissances :
Conçus le plus souvent dans un espace sacré par des membres d'une confrérie qui sont les seuls à pouvoir les «danser», les masques ont comme fonction première d'assurer la transmission du savoir auprès des initiés. Ils constituent l'un des principaux instruments d'éducation. Leur esthétique est marquée par les messages qu'ils doivent communiquer à ceux qui sont autorisés à les voir et à les regarder, mais leur rôle est aussi de divertir dans le cadre des réjouissances populaires.

Fabriquer des guerriers :
Chez certains peuples de République démocratique du Congo comme les Salampasu, les masques interviennent aux moments clés de l'initiation des garçons. Les postulants devant être circoncis sont rassemblés dans un campement en forêt et sont formés aux techniques de chasse et à l'utilisation des armes pour les combats. Les épreuves infligées servaient à les endurcir contre les souffrances physiques et la peur afin qu'ils deviennent des guerriers invincibles et terrifiants.

Créer le roi :
Chez les Kuba (République démocratique du Congo), l'intronisation d'un nouveau roi et la fabrication de son masque sont des processus conjoints. Après avoir été soumis à des rituels successifs, le monarque est en mesure de revêtir le costume qui le met en scène en tant que personnage hors du commun.

Honorer les ancêtres :
Le monde yoruba (Nigeria / Bénin) est composé des vivants, des humains décédés et de ceux qui sont encore à naître. Parmi les morts qui se manifestent, seuls ceux qui se sont distingués par de hauts faits ou par leur comportement social accèdent au rang d'ancêtres.
Le terme « egungun » désigne les masques créés pour célébrer des ancêtres. Leur apparition, qui mobilise une large communauté, constitue une performance exceptionnelle.

Présences animales :
De tous les appendices qui ornent les masques anthropozoomorphes de l'Afrique subsaharienne, les cornes sont les plus fréquemment représentées. Elles peuvent évoquer l'antilope ou le buffle. Mais en général, leur identification à telle ou telle espèce n'est pas évidente, car le sculpteur ne cherche pas à représenter un animal précis, mais s'attache bien plus à suggérer des associations entre l'être humain et des entités surnaturelles.

De l’Afrique aux Caraïbes :

Le Diable rouge :
Alors qu'il se trouvait en Casamance, invité par le président Léopold Sédar Senghor, le poète Aimé Césaire n'a pas manqué de relever des ressemblances entre le masque ejumba des Jola de Casamance (Sénégal) et le Diable rouge, figure emblématique des carnavals antillais.
D'autres mas, qui se retrouvent au cœur du carnaval, évoquent l'Afrique. Ainsi, Maryann lapo fig, réalisée en feuilles de bananier séchées – symbole de l'univers de la plantation – , rappelle certains masques à feuilles du Burkina Faso. De même, le mas a fwet, dont les matériaux – bandes de tissu en lambeaux ou de papier journal découpé – s'inscrivent dans une esthétique contemporaine du dépouillement, possède une gestuelle particulière : le carnavalier avance en faisant claquer un fouet. Cet accessoire se réfère à l'époque infâme de l'esclavage.

L'art de la dérision et de la dénonciation : Hervé Beuze
Les créations du carnaval constituent de véritables outils de médiation. La figure la plus populaire est, sans conteste, Vaval, le roi du carnaval. Destiné à l'origine à caricaturer une personne connue dans la sphère politique ou « mondaine », ce grand mannequin voit sa signification s'élargir. Réalisé par l'artiste Hervé Beuze, le Vaval de 2010 à Fort-de-France, intitulé «Pwofitasyon», évoquait les conflits sociaux qui marquèrent le quotidien des Antillais début 2009.
La vie de Vaval est éphémère et s'éteint le mercredi des Cendres, jour correspondant à la fin du carnaval. À la nuit tombée, cette effigie de plusieurs mètres de haut est brûlée devant la foule.
La création « Vaval, Nature en crise » d'Hervé Beuze, prend la forme d'un personnage mi-homme mi-femme. Conçue comme une installation, cette œuvre monumentale aborde des thèmes qui préoccupent le monde d'aujourd'hui : la nature non respectée se révolte, créant séismes et disparition de populations. Par ailleurs, la face de ce Vaval a les allures d'un masque, produit d'une civilisation méconnue...

L'univers photographique de Zak Ové :
Zak Ové a fait du carnaval l'un de ses sujets de prédilection. Cet artiste photographe d'origine trinidadienne sait évoquer avec originalité les figures incontournables du carnaval de l'île. Il met en scène des êtres à l'allure fantasmatique dont on ne sait s'ils sont inspirés d'un rêve ou s'ils appartiennent véritablement à un défilé carnavalesque. Il maîtrise aussi parfaitement l'art du portrait. Zak Ové, qui est également plasticien et réalisateur, maintient en plan fixe ses personnages comme s'ils étaient en attente d'une action à venir et souligne les codes qui structurent le carnaval, en tant que pratique sociale et artistique.
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Informations pratiques

Dates et Horaires
Du 5 octobre 2011 au 15 juillet 2012

× Horaires indicatifs : pour confirmer l'ouverture, contactez l'établissement.

    Lieu

    35 Rue Paul Valéry
    75116 Paris 16

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