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· Publié le 16 janvier 2012 à 13h10
Fra Angelico et les maîtres de la lumière au Musée Jacquemart-André du 23 septembre 2011 au 16 janvier 2012.
Dès les premières années du XVe siècle, Florence est un centre économique et culturel de première importance. La présence de nombreuses congrégations, comme celles des Franciscains et des Dominicains, a une grande influence sur la production artistique. Dans leurs ateliers et scriptoria, peintres et enlumineurs œuvrent à la diffusion d’une iconographie religieuse encore fortement marquée par le style gothique international (Lorenzo Monaco, Vierge à l’Enfant en trône, Museo della Collegiata di Sant’Andrea, Empoli ).
L’un des tenants de cette esthétique est Lorenzo Monaco (vers 1370–1424), auprès de qui Fra Angelico (vers 1400–1455), alors jeune moine dominicain, poursuit sa formation. Comme son maître, Fra Angelico privilégie l’utilisation de couleurs appuyées, baignées d’une vive lumière qui annule les ombres. Ce procédé renforce la dimension mystique de ses compositions.
Mais c’est aussi dans l’art des enluminures que s’exprime le remarquable talent de coloriste de Fra Angelico (Antiphonaire, corale 43, Biblioteca Medicea Laurenziana, Florence). Si cette partie de sa production a pu être éclipsée par les grands retables ou les fresques qu’il a par ailleurs réalisés, elle témoigne d’une grande finesse d’exécution. À une époque où la décoration des ouvrages est confiée aux meilleurs enlumineurs, l’élégance des miniatures de Fra Angelico confirme l’excellence de son art.
Dans ces foyers artistiques de premier plan que sont les monastères se développe une iconographie spécifique, reflet de la grande influence qu’exerce alors l’ordre des Camaldules. Leur mode de vie érémitique inspire aux artistes des Thébaïde, panoramas historiés où déambulent de petites figures de moines. C’est dans cet environnement foisonnant que se déroule l’apprentissage de Fra Angelico qui réalise à plusieurs reprises de telles Thébaïde, comme celle de la Galerie des Offices de Florence, dont le modèle a peut-être été imaginé par Lorenzo Monaco lui-même.