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· Publié le 19 janvier 2012 à 12h23
Cézanne et Paris au Musée du Luxembourg du 12 octobre 2011 au 26 février 2012.
Cézanne a 21 ans lorsqu’il arrive dans la capitale en 1861 pour devenir peintre. Désormais il va vivre plus longtemps à Paris et dans sa région qu’en Provence. Il y découvre les maîtres anciens dans les musées. Il s’y confronte à la femme dont le corps le fascine et le tourmente ; il s’y efforce à la construction presque théorique de natures mortes ; il y trouve quelques modèles parmi ses familiers…
Pour Cézanne, Paris est une ville "intérieure", loin des descriptions narratives et littéraires de son ami Zola, loin de l’iconographie urbaine développée par Degas, Monet, Caillebotte ou Renoir. De Paris intra muros, il a laissé quelques très rares vues choisissant des motifs inattendus dont aucun n’est un «portrait de ville».
«Paris», c’est aussi la forêt de Fontainebleau, les bords de la Seine, de l’Oise ou de la Marne. Après la Commune, dont Paris sort traumatisée, Cézanne cherche une distance avec la grande ville. Il rejoint Pissarro du côté de Pontoise et s’installe plus d’une année à Auvers-sur-Oise. Le peintre quitte l’atelier, travaille sur le motif, éclaircit sa palette et s’astreint à la technique divisionniste adoptée par ses camarades qu’on va bientôt appeler «impressionnistes». C’est pour aussitôt s’en écarter et construire ses toiles par la couleur. Lorsqu’il passe une année seul à Melun en 1879-1880, et peint Le Pont de Maincy, Cézanne a trouvé sa voie. Il fera «de l’impressionnisme un art solide et durable comme l’art des musées»…
Durant les quinze dernières années de sa vie, Cézanne pourrait rester en Provence où il dispose d’ateliers et des motifs de son enfance. Il est à présent connu des amateurs. A partir de 1895, les expositions se succèdent jusqu’à sa consécration du Salon d’automne de 1904. Pourtant, entre 1888 et sa mort en 1906, Cézanne remonte huit fois en région parisienne. Fuyant les mondanités, il part méditer, le pinceau à la main, dans le silence et la solitude, à Chantilly d’abord puis sur les bords de la Marne ou du côté de Fontainebleau. Plus que jamais l’eau de la rivière, les lisières des forêts, les clochers de village lui permettent «de bonnes études en présence de la Nature» au même titre qu’en Provence les rochers de Bibémus et la montagne Sainte-Victoire.
L’exposition, qui présente environ 85 œuvres « parisiennes » recouvrant toute la carrière de Cézanne, interroge ces incessants va-et-vient entre Nord et Sud. Elle entend montrer que c’est à Paris, plus qu’en Provence que Cézanne élabore les formules d’un nouvel ordre pictural qui feront de lui la figure tutélaire des artistes du XXème siècle, « notre père à tous », selon Picasso. .
Une occasion de découvrir le maître d'une manière nouvelle et ainsi d'aborder son œuvre sous un angle différent.