Le Musée Jean-Jacques Henner conserve quelques traces substantielles d’une correspondance entre le peintre et le philosophe Gabriel Séailles (1852-1921). Séailles était encore un jeune professeur de philosophie en province, préparant sa thèse sur le génie dans l’art, lorsque sa relation amicale avec celui qui était un peintre très reconnu s’est nouée. Elle perdura quand Séailles devint une figure intellectuelle majeure de la fin du xixe siècle.
Titulaire de la chaire d’Histoire de la philosophie de la Sorbonne en 1898, engagé dans la cause dreyfusarde et fondateur de la Ligue des droits de l’homme, Séailles doit être reconnu comme personnage essentiel du courant spiritualiste dont Ravaisson était alors le maître. Ses écrits se partagent entre histoire de la philosophie contemporaine, esthétique, histoire de l’art et critique. Ils témoignent du phénomène privilégié que fut l’œuvre d’art pour la philosophie spiritualiste, chez Ravaisson et, plus encore peut-être, chez Séailles.
Si Séailles n’a pas consacré de monographie à Henner, comme il le fit pour Alfred Dehodencq ou Eugène Carrière, il publia en 1897 un important article où il caractérisait ainsi son ami : « Jean-Jacques Henner n’est ni un psychologue, ni un mystique, ni un symboliste, il ne vise pas à la philosophie, il n’est pas le révélateur d’une religion nouvelle […] il ne veut que redire ce que la nature lui a dit, ce qu’il s’étonne que tous n’aient pas entendu comme lui »1.
Ce discours d’une nature spiritualisée dont Séailles entendait clairement l’écho dans la peinture de Henner, que disait-il ? Comment une philosophie spiritualiste peut-elle faire voir – entendre – autrement ces images apparemment presque sans histoire ? Et comment cette philosophie spiritualiste s’est-elle construite à l’écoute de cette peinture ? Ce sont les questions que nous chercherons à élucider, au fil d’une attention aux œuvres présentées dans l’exposition « Sensualité et spiritualité. À la recherche de l’absolu » qui se tient au Musée Jean-Jacques Henner. Ce sera aussi l’occasion de sortir l’œuvre de Henner du « splendide isolement » dans lequel on imagine trop facilement qu’elle s’est élaborée et de la replonger dans ce milieu intellectuel que Henner n’a pas fui.
Dates et Horaires
Le 2 février 2013
De 15h à 16h
Lieu
Musée Jean-Jacques Henner
43, avenue de Villiers
75017 Paris 17
Accès
Métro : Malesherbes (ligne 3), Monceau (ligne 2)
Bus : 30, 31, 94
Tarifs
7€