Margaux Bricler nous a émus. Ses deux vidéos, intimes et folles, nous ont scotchés : elle témoigne d’une sensibilité nourrie de références savantes, avec un art du montage patchwork qui mélange extraits de films, selfies vidéo et images oniriques. Nous sentions derrière ces travaux une femme fragile, comme brisée par un mystère… Relevant de l’art conceptuel tout en étant assez narrative, son œuvre est passionnante. Nous l’avons rencontrée pour tenter de mieux la comprendre.
Sortir à Paris : Salut Margaux. Tu peux te présenter en quelques mots ?
Margaux Bricler : Je suis Margaux Bricler. Je ne vis pas à Paris et je ne travaille du coup pas à Paris non plus. Voilà.
Sortir à Paris : D’accord… Tu as quitté les Beaux-Arts en 2013, c’est bien ça ?
Margaux Bricler : Oui.
Sortir à Paris : Et tu as été récompensée par le jury pour l’œuvre que tu présentes ou pour autre chose ?
Margaux Bricler : Non, pour un projet de diplôme qui s’appelait Stylite. Il y avait deux séries d’installation : une qui s’appelait Les Inséparables et l’autre qui s’appelait Les Injonctions ; ce sont des travaux qui sont dans la même lignée, mais un peu différents, sans doute moins centrés sur les rapports entre le langage verbal et les langages mutiques de la nature.
Sortir à Paris : Tu peux nous parler de ta formation ?
Margaux Bricler : Oui, j’ai une double formation : j’ai d’abord étudié la philosophie, la littérature et l’histoire de l’art italiennes ; je suis rentrée aux Beaux-Arts plus tard, après une maîtrise. J’ai fait les Beaux-Arts en travaillant à côté dans un atelier d’architecture. Ma formation est à la fois théorique, littéraire et artistique. Ça a été important pour moi de travailler pendant mes études à des choses qui sont totalement concomitantes à l’art mais qui en même temps portent sur une échelle et un usage différents. L’architecture, c’est juste à côté, sauf pour la dimension de l’usage : ça m’a beaucoup influencée. Mon travail ne parle pas d’architecture, il n’est pas architectural, mais travailler chez des architectes m’a beaucoup influencée.
Sortir à Paris : Tu peux nous parler de ce que tu présentes aujourd’hui ?
Margaux Bricler : Ce que je présente est un ensemble, enfin, c’est uniquement des pièces de cette année. C’est un ensemble dans le sens où moi je travaille par série, une série qui s’appelle La Prose du monde, un titre que j’emprunte à Michel Foucault. Ce sont cinq pièces. Il y a une longue bande de papier avec un nombre premier qui est manuscrit à l’encre de Chine ; la bande fait 36 mètres quand elle est entièrement déployée. Il y a un plateau de dés avec un jeu dont on ne comprend pas les règles, des règles à inventer pour chacun d’entre nous, une installation qui traite aussi du hasard puisque j’ai trouvé par hasard deux exemplaires du même livre dans la bibliothèque d’un couple que je rangeais cet été, L’Homme sans qualité. Et deux vidéos. Tout cela forme un ensemble. Ce ne sont pas des pièces qui ont été pensées pour aller ensemble. Mais elles ont été produites plus ou moins au même moment donc pour moi, elles sont homogènes, dans le sens où elles dialoguent assez facilement les unes avec les autres. Et après, les vidéos, c’est un peu différent. Disons que les autres pièces ressemblent plus à ce que j’ai l’habitude de faire, des choses qui viennent de l’art conceptuel et minimal, avec une réinjection d’éléments un peu magiques. En revanche, les vidéos sont des choses très nouvelles pour moi, au sens où c’est beaucoup plus intime, ça met beaucoup plus au jour le rapport essentiel que j’ai avec le langage, la littérature, la musique, les références cinématographiques. Donc ce n’est pas du même registre, et ce n’est pas le même rapport de durée.
Sortir à Paris : Et pour finir, quelle est ton interprétation du titre de l’exposition, Possibles d’un monde fragmenté ?
Margaux Bricler : Je n’en ai pas.
Découvrez notre autre coup de cœur en une image : Mazaccio & Drowilal
Informations pratiques :
Possibles d'un monde fragmenté
Du 21 octobre 2014 au 4 janvier 2015
Aux Beaux-Arts de Paris, 13 quai Malaquais, Paris 6ème
Entrée libre
Dates et Horaires
Du 21 octobre 2014 au 4 janvier 2015
Lieu
Galeries d'exposition des Beaux-Arts
13 Quai Malaquais
75006 Paris 6
Tarifs
Gratuit