Des miroirs, tout d'abord. Enchevêtrées l'une dans l'autre, les images de la réalité deviennent trompeuses et irréelles. Plaçant ses amis et ses modèles au centre de glaces qu'elle photographie patiemment, expérimentant mille poses, Florence Henri photographie des cadres qui encadrent des cadres qui encadrent des cadres, jusqu'à perdre le regard du spectateur. Ses portraits s'inscrivent dans des compositions de lignes et de formes géométriques, faisant du visage l'unique repère d'une image très construite :
"Avec la photographie, ce que je veux surtout c'est composer comme je le fais avec la peinture."
Florence Henri invite à la perte de repères : utilisant des accessoires géométriques - comme des boules, des bobines, des vinyles -, jouant avec les fenêtres et les reflets, l'artiste, qui a fait partie des avant-gardes artistiques du XXème siècle, décline les motifs dans une chorégraphie rebondissante.
Son travail affirme l'absence totale de lien entre la photographie et une quelconque fidélité à la réalité : Florence Henri joue avec les formes. Le spectateur doit alors s'abstenir de tenter de trouver un sens à l'image, pour entrer dans une perception uniquement formelle, abstraite, de ses compositions. Les fenêtres ne sont plus des fenêtres mais des rectangles ouverts sur d'autres lignes.
Dans ses paysages, elle cherche toujours le point de détail qui lui permettra d'éviter l'effet carte postale : elle renverse le point de vue, s'amuse avec le flou et crée le mouvement. Évidemment, elle expérimente le collage, art du désordre et du mélange des formes, et parvient à créer des visions de rêves. Parfois, elle photographie ses amis (les plus grands artistes de son temps !) en très gros plan (ci-dessous, Fernand Léger) : sans construction, elle parvient tout de même à donner une impression d'étrangeté grâce à un gros plan expressif, où le nez, la bouche et les yeux deviennent les personnages d'un visage, tout comme les boules et les bobines étaient les personnages de ses compositions.
Florence Henri produit des images fascinantes, jamais simples et toujours excitantes.
Informations pratiques :
Florence Henri, miroir des avant-gardes
Au Jeu de Paume
Du 24 février au 17 mai 2015
Tarifs : 10 (plein), 7,5 (réduit)
Fermé le lundi
Dates et Horaires
Du 24 février 2015 au 17 mai 2015
Lieu
Jeu de Paume - Concorde
1, place de la Concorde
75008 Paris 8
Tarifs
tarif réduit : 7,5€
tarif plein : 10€
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